Partie 1 : Mon calvaire

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Dans mon pays , c'est monnaie courante de laisser son enfant être éduqué par des parents adoptifs , entre oncle, tante , cousin etc , les ramifications étant diverses, surtout quand ceux-ci ont plus de moyens et qu'ils vivent à la capitale.

Je suis passée par là , dès mon jeune âge et je me demande encore ce que ma vie aurait été si j'étais restée chez mes parents . Mon nom est Hayat ,voici mon histoire.


Le début de mon histoire :


On vivait mes parents et moi à la campagne à 630 km de la capitale dans une petite ville faisant frontière au nord du Nigeria. Mon père venait de dégoter un poste de proviseur dans un lycée de la place, après qu'il ait perdu son travail à la capitale. A ce jour , je ne maîtrise pas les contours de cette perte d'emploi, sujet tabou chez moi. Je sais juste que je suis née dans l'opulence et que du jour au lendemain, on perdit certains privilèges de la vie.


Vivant dans la campagne avec mes parents, j'y avais passé tout mon primaire avec de bonnes notes et eus mon CFEPD haut les mains à l'école "Mission catholique" (seule école privée). Après, j'eus une bourse qui me permit d'étudier dans un collège public et j'étais très brillante avec des 16 de moyenne en 6e. Je venais d'entamer la classe de 5e où après 5 mois sans cours réguliers, l'Etat nigérien décréta l'année blanche sur toute l'étendue du pays .


C'était en 1992, je refusais l'idée de finir le reste de l'année à la maison à ne rien faire et surtout de devoir reprendre cette classe de 5 e l'année suivante , alors que mes copines d'enfance qui vivaient au Mali, Sénégal ou en côte d'ivoire allaient me devancer .Ma mère travaillant dans une banque de la place , continuait à me payer des cours privés à la maison et ce depuis mon CP, raison pour laquelle j'avais gardé un bon rythme et que je battais les records à l'école.


C'est ainsi que ma mère, qui cherchait déjà une occasion de m'éloigner de mon père , trouva le bon moment de m'envoyer loin de nos problèmes de famille , qui commençaient à me perturber sérieusement. Elle appela un bon collègue à elle, qui avait été affecté au Mali, afin de lui demander si sa femme et lui pouvaient m'accepter chez eux pour que je ne perde pas cette année scolaire. Leur fille étant une amie d'enfance, ce ne serait que plus facile pour moi d'évoluer et de m'adapter.


Son collègue avait accepté, tout fut calé , y compris les frais de mes études que ma mère supporta avec peine; elle m'apprêta et m'envoya à la capitale chez ma cousine Hafsat afin que je puisse continuer sur Bamako , je n'étais supposée que faire tout au plus deux semaines.


A notre grande surprise, le collègue de ma mère la rappela pour lui avouer que malheureusement , ils ne sauraient m'accueillir car aucune école ne voulait me prendre en pleine année scolaire et que j'allais devoir attendre jusqu'à l'année prochaine.


Du haut de mes 13 ans, je mourrais à l'idée de retourner à la campagne surtout dans l'atmosphère lugubre qui régnait chez moi, mon père venant de prendre une deuxième épouse, tout avait basculé alors.


Je dépérissais en le regardant choyer ma marâtre et non ma mère ou mes petites soeurs et moi ;j'étais celle qui défendait ma mère corps et âme, et refusait que l'on la maltraite; il ne ratait pas une occasion de me battre comme un chien pour un oui ,pour un non, tant que cela touchait la dulcinée.

MON CALVAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant