Samedi 20 juillet 2019, 8h47. Gare du Nord, Paris.
Le moteur de mon Ouibus s'arrête. Je pose le pied sur le béton parisien armée de mon sac Quechua et de mon drapeau tricolore pour la éniemène fois depuis le début de l'année. Je prends une grande et profonde inspiration. La pollution envahit ma trachée, mes bronches, mes bronchioles et mes alvéoles avant d'accompagner le fer de mon hémoglobine pour son grand voyage à travers mon système vasculaire. J'expire en soupirant : «Macron, j'arrive.»
Mes camarades de lutte m'interpellent, ce qui me sort de ma rêverie. Nous nous mettons en route vers les champs.
Nous sommes un groupe de sept ami-es. Après nous être rencontré-es lors du premier acte, nous avons continué de manifester ensemble jusqu'à l'acte IV où, autour du barbec à Raymond sur le rond point du Carrefour Saint-Serge, nous avons décidé de nous soutenir à chaque rassemblement. Pour l'anecdote, c'est sur ce même rond point que Manuel a demandé au mariage Christine, trois week-ends plus tard. Nous avons tous fêté ça au Flunch, ce fut un très bon moment de camaraderie !
Mes six compères et moi-même avancions d'un pas décidé en direction de l'arc de triomphe. À chaque rue, notre cortège grossissait, à contrario de ma soumission à l'État qui, elle, disparaissait.
«Nous y sommes ! Nous y sommes ! » Hurla Didier dans son mégaphone CFDT.
Et il avait raison : nous y étions. L'arc de Triomphe. Un tabouret en pierre géant construit en commémoration d'une guerre vécue par Bonaparte. Un symbole à détruire.
Des centaines, si ce n'est des milliers d'individus vêtus de jaunes fluo étaient déjà présents. Je vapotai une latte de ma cigarette électronique pomme-melon avant de me tourner vers Raymond :
«T'as le matos ?
- Évidemment.
- Impeccable. Manuel, Didier, Christine, Johnny, Véro', on se rassemble !»
Mes camarades s'exécutèrent.
«On se remet bien d'accord : on attend que les CRS approchent, Raymond et Véronique partent vers le sud avec tous les fumigènes. Pendant ce temps-là, Christine et Johnny vous allumez le feu à ces putains de camionnettes de flics. Je marque un temps d'arrêt. En parallèle Manu et moi on va foncer vers l'Élysée. À notre signal vous lancez les fumigènes. Des questions ?
-Euh oui, moi.
-Oui Didier ?
-Tu es sûre de toi ? Tu es sûre d'y arriver ?
-Oui, j'en suis sûre. Mais je n'y arriverai pas seule. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de vous tous ! Nous sommes une grande famille ! »
Mes ami-es conclurent mon discours par un cri de guerre. Macron, j'arrive. L'acte XXXVII sera le dernier.
«Allons faire péter l'Élysée.»
VOUS LISEZ
Yellow is the color of love
RomanceIl y a quelques mois encore, je n'étais que Sylvie des ressources humaines de la clinique hospitalière de Évry-en-Anjou. Puis l'acte 1 est arrivé. La révolution a commencé. Et jamais je n'aurais pensé la rencontrer elle. Jessica, sa casquette bleue...