J'ouvris les yeux avec une étrange difficulté. Au-dessus de moi se tenait Christophe qui disait, stresse:
- Tom? Tom? Encore en vie?
Dans ma tête, les idées se bousculaient. Que faisais-je ici? Ce mort, ces regards et tout ce sang... était-ce réel? Un rêve? Qui était donc cet homme? Le fruit de mon imagination? Un souvenir enfouit? Puisque je n'étais pas particulièrement convaincu des faits, je préférai lui répondre:
- Je ne sais pas...
De l'autre côté de la porte se dressait mon père. Il avait l'air presque aussi perturbé que moi. Une dame dans la vingtaine, l'infirmière scolaire, s'approcha de moi avant de m'expliquer que j'avais subitement perdu connaissance alors que je marchais dans le couloir. Mais alors... tout ce sang? Ce mort et ces regard? N'etaient-ce donc que mon imagination? Et cet homme, était-il aussi un mirage? Non! Je ne pouvais pas le croire! Je ne VOULAIS pas le croire! Mais y avait-il une autre explication? NON! Enfin, pas pour le moment. Pour l'instant, je devais me contenter de cette réponse, aussi simple soit-elle...
Je déparquai du lit mobile, comme ceux que l'on retrouve dans un hopital, et sortit au pas traînant de la Vie Étudiante, en direction de mon père, un homme possédant mes yeux et une touffe bien coiffée de cheveux bruns foncés. Il était en uniforme de bureau et me regardait d'un air perspicace. Je le suivis jusqu'à la voiture, une vane familliale de couleur blanche. Arrivé dans la voiture, il me demanda:
- Tu as une idée de la raison pour laquelle tu es ainsi tombé dans les pommes?
La réponse étant aussi absurde qu'improbable, je lui répondis simplement:
- Non... Aucune...
Arrivé chez moi, mon père m'envoya me coucher, m'expliquant que je devais reprendre de forces. Soudain, une colère courte mais puissante s'empara de moi. J'eus envie de faire avec mon père ce que j'avais cru faire avec celui qui m'avait bousculé. Je serrai les dents mais, aussi vite que cette colère était arrivée, elle disparut. Je lui obéis donc, me dirigeant d'un pas traînant vers ma chambre, gravissant avec peine des escaliers que je montais habituellement en un claquement de doigts. C'était comme si toute ma volonté s'était évadée de mon corps d'un seul coup. Je n'avais plus envie de rien faire: je voulais simplement dormir... et c'est ce que je fis!
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Tout était noir, froid. Des nuages rouges percaient le ciel. J'avais l'impression d'être observé. J'étais stressé! Je savais que je dormais mais je n'arrivais pas à me réveiller, comme si quelque chose me retenait en ce monde. Le sol n'était pas. Je flottais au-dessus du vide, courant vers l'inconnu d'un monde inexistant. On me suivait, j'entendais mes pas et ceux de mon poursuivant claquant dans une eau rouge s'étendant à l'infini. Dans mon esprit défilaient des images sombres de morts, de crimes sordides et de trahison. Je voyait ma vie défiler devant mes yeux tout en sentant mes dernières forces me quitter peu à peu. Je ne comprenais rien. Tous les sentiments que j'avais connu jusqu'ici me revinrent d'un coup: la joie, la colère, la tristesse et même la culpabilitée. Tous ces sentiments me revinrent en même temps. C'était assez étrange et douloureux pour transformer le plus fort des esprits en un détraqué mental... Je me mis à rire, laissant couler un flot de larmes incontrôlé tout en me battant contre des ennemis invisibles...
Soudain, une prise m'arrêta net. Une prise forte que je connaissais. Je contrôlai mes larmes et me retournai vers mon hôte, un jeune homme un peu plus âgé que moi. Il était vêtu de noir et affichait un regard dur. Cet homme aurait dut créer en moi la peur, mais il n'en fut rien. Je restai totalement calme, comme si c'était une personne que je connaissais depûis longtemps et en qui j'avais une confiance extrème... C'était l'homme de ma vision... celui que j'avais aperçut avant de me réveiller sur un lit d'hopital. Celui qui m'avait apprit que j'étais "réveillé".
- Qui êtes-vous? demandai-je. Mais il ne me répondit pas. Alors je répétai et il dit:
- Je suis celui qui se cache au fin fond de tout ce qui est. Je suis la petite voix qui te parle de temps à autre. Je suis celui qui sait tout de toi, celui qui ne te juge pas et celui en qui tu peux avoir confiance. Demandes-moi ce que tu veux et je te le donnerai si j'en ai la possibilité. Je serai ton ami et ton confident... si tu acceptes de m'ouvrir la porte de ton esprit conscient.
- Cette vision... cette personne que j'ai cru avoir tué... c'était toi qui m'avait fait voir tout cela? demandais-je. Est-ce toi qui me fait voir toutes ces horreurs?
- Affirmatif, me répondit-il dans un souffle. C'est moi qui t'ai conseiller d'accomplir cet acte, bien que tu n'ais pas osé le commettre. Je n'ai pas le pouvoir de te dicter tes actions, mais je peux te conseiller... L'âme de cette personne était impur et ta mission, si tu l'accepte, est d'exterminer ce virus qui nous ronge de l'intérieur. Tu t'es réveillé et tu m'as écouté. Cela signifie que tu es l'élu: celui qui débarassera le monde de la vermine qui le ronge... Peux-tu faire cela pour moi?
Ses explications me laissaient froid dans le dos mais, d'un côté, il avait raison. Si je n'écrase pas ce démon, il contaminera ceux qui sont encore bon et, plus le temps avancera, plus il sera ardu de réussir cette mission. Mais, si, en temps normal, j'aurais refusé, mon esprit était troublé par cet endroit et je buvais ses paroles comme de l'eau. Je l'ai alors cru... et j'ai accepté sa requête, comme si il ne sagissait que d'un service que j'aurais rendu à n'importe qui d'autre...
- Tu as bien fait, Tom... Tu as bien fait...
Et la lumière m'enveloppa comme un éclair, me ramenant au monde réel. Je me réveillais, mais pas comme à chaque fois... Je me réveillais avec la conviction que j'avais le devoir de détruire une vermine assoiffée de sang... mais, moi, qu'est-ce que j'étais?
