2 - Ré

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Ce soir-là, lorsqu'il rentra chez lui, Oscar était si déboussolé qu'il ne pensa même pas à saluer sa famille. Sa mère, étonnée de son comportement l'intercepta.

« - Ça ne va pas Oscar ?
- Si maman, ça va. Je suis juste fatigué. »

Il avait horreur de mentir, mais à ce moment il ne se rendit même pas compte de ce qu'il venait de faire.

Il alla dans sa chambre et s'affala sur son lit. Il devait en parler à quelqu'un, il ne pouvait pas garder ça pour lui. C'était trop.

Il alla voir si sa sœur était dans sa chambre. Joy était installée tranquillement à son bureau et elle travaillait. Il toqua après avoir pris son courage à deux mains.

Elle se retourna vers la porte et lui fit signe d'entrer. Il avança peu sûr de lui. Il avait toujours été intimidé par la chambre de sa sœur. Elle était vide. Il y avait peu de meubles et d'objets. Elle paraissait immense. A chaque fois qu'Oscar y entrait il avait l'impression de se faire engloutir.

Il avait envie de tout lui confier mais il n'y arrivait pas. Sa voix ne sortait pas. Pendant que sa sœur le regardait en attendant qu'il dise quelque chose, Oscar était paralysé. Paralysé par la honte. Qu'est ce qu'il avait honte de ne pas avoir réagi, de ne pas avoir eu le courage de s'opposer à ce groupe d'idiot qui faisait ça !

« - Si quelqu'un fait quelque chose qui n'est pas bien, qu'est ce que tu ferais ?
- Ça dépend vraiment de ce qu'a fait la personne...
- Quelque chose de vraiment pas cool. »

Rien que parce qu'il avait dit « cool », Joy savait qu'il se forçait à se parler.

« - Tu peux, la prochaine fois, éventuellement chercher quelqu'un qui à remarquer ce qu'ils faisaient et essayer de trouver une solution avec cette personne. »

C'était une bonne idée ! Une très bonne idée ! Il ne serait pas seul à devoir s'interposer !
Mais il n'était pas sûr que quelqu'un ait remarquer, ou encore qu'une seule personne trouve cela grave.

La prochaine fois il fallait qu'il réagisse. Il fallait qu'il fasse quelque chose pour que ça n'ait pas lieux.

~

La cloche sonna pour annoncer la fin de la récréation du midi. Il était 13 heures et 30 minutes. Oscar monta aussi vite qu'il put les escaliers, il voulait avoir le temps de se préparer à s'interposer, il voulait avoir le temps de prendre son courage à deux mains.

Peu à peu, les autres élèves firent leur apparition. Ils apparaissaient par groupe de 4-5.

Le groupe qu'il redoutait arriva en dernier, avec cet air fier qui donnait à Oscar l'envie de leur envoyer son poing dans ces visages arrogants. Comment pouvaient-ils être fier de leurs actes ? Ce qu'ils faisaient était moche, inhumains et cruel. Non, vraiment, cela le dépassait.

Le groupe s'installa deux rangs avant lui. Il ne pouvait plus se défiler, il était placé au bon endroit pour pouvoir intervenir s'ils recommençaient.

C'est à ce moment qu'Alyana fit son entrée. Elle arriva, sûre d'elle, belle, et vint s'assoir à sa place, à une table d'Oscar.

Il était obnubilé par elle. Elle était d'une beauté renversante. Quoi que ... non ! Elle était d'un charme polaire, solaire, lumineux, et bon dieu !il aurait put passer le reste de sa vie à la regarder !

Mais Mme Albright n'était pas de cet avis. Elle cria silence ! pour intimer le silence et mis un quelconque problème de mathématiques au tableau.

Il essaya de se concentrer mais il sentait le regard d'Alyana sur lui. Il se sentit rougir. Foutues joues qui rougissaient pour un rien. Mais c'était la première fois qu'on le regardait comme s'il était une énigme, comme si on voulait ne percer à jour, comme si on voulait lui dire de se réveiller, de se bouger, de vivre sa vie sans se moquer du regard du monde.

Le groupe scrutait les alentours à la recherche d'un passe temps en attendant de pouvoir faire ça.

Taper les élèves devant eux ? Ils venaient de le faire... insulter toutes les garçons de la classe : déjà fait, embrasser une fille par ci par là : fait depuis bel lurette.

Ils commencèrent à laisser des boules de papier sur la pauvre prof qui ne comprenait plus grand chose. Ils étaient ingérables.

Mais personne ne semblait remarquer que ce n'était pas bien, que plus le temps passait, plus ils étaient déchaîner.

L'heure arrivait, et Oscar sentait la peur lui prendre le ventre, il sentait la couleur de son visage le quitter. Et pire que ça, il sentait qu'à côté de lui, les autres élèves étaient impatients.

Oscar avait peur.

Et ça se passa.

Et Oscar se leva.

Les couleurs de la joieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant