Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Comme perdue et mise au pied du mur tu m'as abandonné sans aucunes issues ni un au-revoir.J'ai compris ce jour-là à quel point l'amour et la haine pouvaient être liés. Je me souviens avoir sentie en moi cette porte s'ouvrir et ce tourment de souvenirs m'envahir. Tous nos moments passés, toutes ces confidences et réflexions, tous ces pleurs et rires. Tous ces moments tendres que l'on revendiquait au nom de l'amitié mais qui n'était qu'un mensonge ne voulant ni l'un ni l'autre ouvrir les yeux sur cet amour naissant.
Quatre années et pas un seul jour l'un sans l'autre, des heures passé au téléphone, et surement des millions de message. Des milliers de « je serai toujours là pour toi » et encore plus de « je ne te lâcherai jamais ». Mais il y a un an, tu as décidé pourtant de partir.
Et ce choc, m'a ouvert les yeux. Pour la première fois je voyais nos je t'aime, les « tu es vraiment parfaite », je voyais la tendresse dans tes gestes et ton regard, mais aussi la lucidité de tes « si seulement tu avais 10 ans de plus... ».
J'ai réalisé toutes les questions que je me posais au moment où tu faisais encore partit de ma vie. Je me suis souvenue de ce sourire béat quand ton nom s'affichait sur mon écran, de la douleur que j'avais au cœur quand tu allais mal, et de nos joies quand tu étais heureux.
Je pensais avoir perdu un meilleur ami, un peu comme un frère, qui veillait toujours sur moi et qui était fier de moi. Mais j'avais en réalité perdu l'homme qui m'a surement aimé le plus, avec qui sans le savoir j'étais la plus sincère, et la plus transparente. Je t'avais laissé lire en moi comme dans un livre ouvert puisque je n'avais pas peur de ce que tu pouvais en faire. Pour la première fois dans ma vie j'ai été moi-même. Et je ne pensais pas que tu laisserais un vide si immense.
Les larmes ont séché, et ont fini par revenir. Au moindre doute, à la moindre peine ou la première once de joie, tu étais la seule personne avec qui je voulais en faire part, mais tu n'étais plus là.
J'ai essayé de t'atteindre, en vain. Et c'est le cœur lourd qu'un jour j'ai fini par recevoir un message de ta sœur. « Je n'en reviens pas qu'il ait fait ça. Il parle de toi avec amertume et le regard vide alors qu'hier on voyait encore qu'il vibrait juste en prononçant ton nom. L'amitié fille garçon n'existe pas aujourd'hui à ses yeux. Il dit qu'il n'a pas le choix, que s'il veut faire sa vie avec cette fille qui lui tient le bras, tu ne peux plus faire partit de sa vie. Il l'a déjà laissé une fois pour toi, et elle est revenue. J'ai tout essayé, mais il ne voudra plus jamais te parler. »
Je savais que tu faisais ce qu'il y avait de mieux pour toi et que tu trouverais surement le bonheur. Même si je n'étais pas convaincue de pouvoir être totalement heureuse sans toi à mes côtés. Sans m'en rendre compte je jouais une bataille contre cette fille sans même le savoir. Et mon aveuglement était devenu un frein à ton épanouissement personnel. Toi, qui cherchait la femme de ta vie avec qui tu esperais te marier et avoir des enfants. Je m'en veux terriblement pour ça.
Cela faisait un an. Le temps avait passé et je ne pouvais que me rendre à l'évidence : tu étais parti pour toujours.
Je me souviens d'un soir où je ne trouvais pas le sommeil et j'ai donc décider de me lever pour sortir, la musique dans les oreilles. J'étais seule dans la nuit, je contemplais les étoiles et j'activais la musique aléatoire. La première note fissura tout mon être. C'était ta musique, celle dont tu me parlais tout le temps. Je te revoyais toi et ton sourire quand je la chantais à tue-tête dans ta voiture alors que je disais toujours que je ne l'aimais pas. Mais grâce à toi, j'avais appris à l'aimer, et je ne l'avais jamais autant aimé que ce soir-là. Je l'ai écouté en boucle jusqu'au petit matin. C'était la seule chose qui me raccrochait à toi, nos souvenirs. Et je me suis rendu compte que je devais aller de l'avant. Alors j'ai relu nos messages une dernière fois, et de supprimer ton numéro. C'était ma façon à moi de respecter ton choix puisque j'étais consciente que j'en étais responsable.
Une semaine passe. C'était une journée ordinaire, j'avais du mal à me lever car j'avais révisé toute la nuit pour un examen. Je suis sortie et je sens encore le vent hivernal me glacer les os. Comme tous les lundi soir, je parti au yoga. Là-bas, impossible de me poser, ni de me concentrer, mon esprit était comme occupé et mes pensées vagabondaient tellement que j'étais incapable de me recentrer sur moi-même. En sortant je m'empresse de me mettre mon manteau et de remettre mes écouteurs puisque je rentrais à pieds et que la nuit était déjà tombée. Et là, c'est le choc.
Je me revois m'arrêter en pleine rue, n'étant pas sûre de ce que je pouvais voir. Mais non, je ne rêvais pas, c'était bel et bien ton nom qui s'affichait sur mon écran. J'étais pétrifié, et j'avais peur de ce que je pouvais découvrir même si cela attisait ma curiosité. Je m'attendais à des reproches et des discours interminables sans pouvoir même me justifier, de la colère et de la rancœur. Des non-dits à découvert et des querelles à n'en plus finir. Mais j'avais tort, car la douceur est restée intacte puisqu'il m'a fallu de ces quelques mots pour m'apaiser. « J'imagine que tu dois être en colère et je comprendrai que tu ne veuilles plus jamais m'adresser la parole pour ce que j'ai fait. Mais sache que toutes les décisions que j'ai pu prendre, c'était pour te protéger. Je m'excuse. Tu me manques. »