Partie 1

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- Maman ? J'ai un exposé à préparer pour la rentrée, dis-je.

-D'habitude tu les rédige toute seule, y'a-t-il un problème aujourd'hui ?

-Au fait, je dois parler des différents perceptions et émotions que peuvent éprouvés une personne atteinte d'une déficience visuelle.

-Tu n'as pas d'idée ?

-Non mère, a vrai dire, je juge qu'il n'y ait que la personne étant dans cette situation qui peut vraiment rédiger ce devoir. Je ne connais personne ayant une infirmité quelconque.

Maman réfléchit durant deux minutes, puis elle me dit enfin :
-Je ne t'ai jamais parlé de ta grand-mère Winnie ?

- Non mère.

Je crois pouvoir t'aider, viens avec moi.
Elle se dirigea vers sa chambre, prit une chaise en chaume, grimpa dessus afin d'arriver à la hauteur du placard, sur lequel était déposé un vieux carton. Elle s'en empara et vint s'asseoir a mes cotés, elle prit le soin d'enlever le plein de poussière qui recouvrait la boite et s'appliqua enfin à l'ouvrir. Elle en retira des lettres usées, certainement datant de plus de vingt-ans déjà. Ce n'était pas ce dont elle cherchait, vu qu'elle ne s'arrêta pas de fouiller. Elle en sortit finalement, un vieux cahier, un peu abimé. On dirait un carnet de secret, les écritures étaient peu lisibles.
-Ta grand mère aimait raconter son histoire, ton grand père, lui, prenait plaisir à écrire tous ses dires. Quand il mourut, il m'a laissé ceci, il contient toute l'histoire de ta vieille grand-mère.
Ma mère me quitta sur ces mots. Quant à moi je n'y comprenais rien, du moins pour le moment. Quel rapport ma grand-mère entretenait avec mon devoir sur les handicapés ?
Je me dirigeai vers ma chambre, j'entrepris de déchiffrer le cahier, mais comme me le dit mon professeur de dissertation, pour une bonne lecture, il me faut un verre de lait et de la concentration. Quand j'eusse préparé mon lait et fermé la porte de ma chambre. Je pénétrai dans le monde de la lecture et je m'y perdis totalement.
''Oublier et avancer, m'accepter ainsi que je suis à présent, ne pas arbitrer Dieu. Mais pouvais-je vraiment adhérer à cette situation ? Comment aurais-je pu remercier Dieu, qui selon les dires de certains, ne désire que mon bonheur. Je suis bel et bien lucide, j'ai posé des actes, qui devraient pousser Dieu à bout, au point de me haïr. Mais ne dit-on pas toujours que Dieu est amour, alors comment pourrait-il me mépriser a ce point ? J'ai toutefois pensé que Dieu m'a conçu pour souffrir. J'ai ignoré tous ces beaux moments partagés avec mes procréateurs, depuis ce jour la, ou ma génitrice m'a tenue dans ses bras. Je n'étais qu'un bébé, mais j'ai souvenir de cette larme qui a coulée sur la joue de ma mère, je sens encore la première odeur que j'ai exhalée, je me souviens encore de ce regard rempli de tendresse que mon père m'a lancé, ce regard, que je ne reverrai plus, ce sourire qui a élargit leurs mâchoires, lorsque j'ai poussé mon tout premier cri. J'étais si petite et si molle que mon père n'osait pas me porter dans ses bras, ayant crainte de m'écraser. J'ai encore sur ma langue le gout de ce lait maternel, qui a permis mon alourdissement. Je me souviens de mon premier pas, de ma première fois à l'école, des applaudissements de mes chers et tendres parents lorsqu'ils virent pour la première fois, une moyenne de neuf dans mon bulletin scolaire. Tous ces beaux moments, je m'en souviens.
Mon adolescence fut imprégnée de chicanes. Belle négresse, bouche pulpeuse, fesses rebondies, les yeux des hommes ne me loupaient pas, j'en étais fière, tellement, que je me percevais supérieure aux autres filles du quartier. Mes parents, s'en effrayèrent car ils ne désiraient que mon bonheur, ils voulaient que, parmi ses divers regards qui me braquaient, je fusse un bon choix. Moi, immature, je me disais que je ne prendrai pas un homme ignominieux comme mari, il me fallait un bel homme. Ce que je n'ai pas su, c'est que j'aurai à faire un choix à l'aveugle comme dans les auditions de The Voice.
Par-dessus de tout, j'avais un rêve, je voulais devenir chanteuse. Mais, mon père me disait que je devais me vouer à mes études et vers la suite, je saurais faire carrière dans la musique, une fois que je ne serai plus sur sa responsabilité. C'est pour cela que j'ai inlassablement pris mes études à cœur.
On sait intégralement ce qu'est le chagrin, on a chacun et chacune été conjoints de moments de vicissitude, dans notre vie, certains n'y survivent pas des fois, ce sont les plus faibles et les plus sensibles. D'autres s'en sortent malheureux et en les voyant, on s'en tient de pleurer, ils nous font pitiés. Les privilégiés, s'en sortent vivants et heureux, moi je n'ai pas su me situer. La vie n'est que rarement ce qu'on veut qu'elle soit. Ils sont nombreux a dire que la vie est déjà ce qu'elle est, sinon que la vie de chacun est déjà tracée et que rien ni personne ne peut changer son cours. J'y ai cru pourtant. Comment peut-on changer notre destin ? Est-ce possible ? Tout le monde connait l'histoire de Cendrillon, peut-on apparaitre un bon jour et raconter une autre histoire en soutenant que c'est Cendrillon ? ''

La Star aveugle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant