J'étais prête à tout, je m'apprêtais à faire la chose la plus dangereuse de ma vie entière. J'allais droit vers l'inconnu, et sans rire, c'était énorme comme sensation. Tu m'avais faite rêver, « Venise, la ville des amoureux, c'est là qu'on sera » c'est ça que t'avais dit, j'y croyais, comme je croyais au père Noël, comme je croyais à l'amour. Mais tout ça c'était avant. Maintenant, je ne crois plus. Quand je suis arrivée chez moi ce soir là, il était 17h19, j'étais dans les temps et j'étais heureuse quoique un peu stressée. Mes parents n'étaient pas encore rentrés, j'avais évité le pire. J'étais allée dans ma chambre sans attendre et j'avais vérifié que tout était prêt. Évidemment tout était parfait et rien ne manquait. J'avais encore trois heures devant moi et un dernier mensonge à placer. J'étais confiante. Le moment critique était passé sans embûches, j'avais réussi à faire croire à mes parents que je ne me sentais pas bien et que je voulais simplement dormir. Je savais que l'on mangerait peu après et j'avais volé une tablette de chocolat dans le placard de la cuisine. La tension montait au fur et à mesure du temps. Il ne restait plus que quelques minutes avant que tu arrives. Je jetais des regards de plus en plus fréquents vers ma fenêtre. Il était l'heure. 20h30. Enfin. Tu n'étais pas là. Mon cœur s'était brisé. J'étais dépitée. Alors, dans le désespoir j'avoue un peu trop prématuré, je me suis mise à pleurer. Il était 20h 32 et je pensais déjà avoir épuisé mon stock de larmes quand je t'ai vu, tu avais deux minutes de retard mais plus rien n'était grave puisque tu étais en train d'arriver. Tu es arrivé sous ma fenêtre et, alors que je m'apprêtais à descendre tu m'a lancé : « Oublie moi ». Puis tu es parti.
