Le calme avant la tempête

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La semaine qui suivit passa comme un rêve. Arthur dormais durant la quasi-totalité de la matinée puis rejoignait sa famille à la plage un peu avant le midi. Il disparaissait aussitôt qu'il avait fini de manger, pour que ses parents ne le forcent pas à travailler, en raison de ses résultats catastrophiques au brevet.

Parfois sa sœur le trouvait  et le suppliait de venir jouer avec elle. S'il restait stoïque face aux suppliques de Charlotte pendant quelques minutes, il finissait toujours par céder, non sans lui avoir fais promettre une part de son dessert du soir en échange.

Le soir, il réapparaissait comme par magie au moment du repas mais s'éclipsait avec une bonne dose de nourriture dès que ses parents commençaient à lui parler de travail. Si au début des vacances ils protestaient avec véhémence, en vain, ils abandonnèrent au bout de quelques jours et se contèrent de souffler de mécontentement.

Un soir, après qu'Arthur se soit enfui au milieu du repas, pour échapper à ses parents qui visiblement ne comprenaient pas tout à fait le concept de vacances, son grand-père le suivit et le trouva allongé sur le sable, derrière un amas de rochers, contemplant le ciel étoilé. Le vieil homme s'installa au près de son petit-fils, qui ne réagit pas, et pris la parole d'une voix douce:"

— Tu devrais les écouter tu sais. Ils ne veulent que ton bonheur. Travailler un peu ne te ferais pas de mal. 

— Tu ne comprend pas, les vacances, ce n'est pas fait pour travailler, c'est fait pour se reposer. J'ai toute l'année scolaire pour apprendre des choses, c'est bien suffisant. Je ne suis pas une machine à avaler des connaissances. J'ai travaillé pendant un an, avec plus ou moins de sérieux je te l'accorde, mais j'ai le droit de souffler un peu et de me détendre. Je n'ai que quinze ans ! Ce n'est pas parce que je n'ai pas répondu juste à toutes les questions d'un examen que je ne pourrais pas te donner les réponses là maintenant ! C'est stressant un examen, cela suffit pour te faire oublier des choses. Et mon bonheur ne se résume pas à pouvoir réciter par cœur le théorème de Pythagore ou à savoir que l'on accorde pas le participe passé quand on utilise l'auxiliaire avoir ! Savoir que Louis XVI est mort guillotiné ne me rendra pas heureux ! Connaître l'utilité du sulfate de cuivre anhydre non plus ! Et avoir un diplôme ne suffira pas à ce que ma vie devienne un long fleuve tranquille ! Arthur repris son souffle et continua plus posément : Je veux profiter de ma vie tant que je le peux encore. Dans trois ans, je passerais mon bac. Et après? Et après je devrais soit faire des études soit trouver du travail. Est-ce que ça me laissera du temps libre ? Je ne crois pas. 

— Je comprend ton point de vue. Néanmoins... Tu devrais prendre le temps de travailler un peu de temps en temps. Cela te permettrait d'avoir tes connaissances constamment activées et à la rentrée tu auras moins de risques de te retrouver en difficultés.

— Mmm. Peut-être. Mais si j'accepte de travailler un peu, mes parents me feront travailler tous les jours et au final mes vacances passeront quand même à la trappe.

Son grand-père garda le silence et ils restèrent là, tous les deux à contempler le firmament. Au bout de quelques minutes, le vieil homme raconta au jeune homme des souvenirs de sa grand-mère avant qu'elle ne meure. Arthur l'écoutait religieusement, le manteau de la nuit enveloppant les paroles de son aîné. 

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