chapitre 3

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Chapitre 3

Satine

Les fêtes de fin d'année devraient être une période de bonheur, de joie et de plaisir en famille. J'aime Noël. J'aime regarder Paris qui s'illumine à la tombée de la nuit. J'aime chanter avec mes neveux le soir du réveillon, près de la cheminée et voir leur visage s'émerveiller lorsqu'ils ouvrent leurs cadeaux.

Je me souviens de l'odeur des gaufrettes à la vanille qui embaumait le salon de ma grand-mère quand j'étais enfant. Elle passait sa journée à les faire cuire puis les rangeait dans une boîte métallique pour les servir le jour de Noël à toute la famille. Dans des éclats de rire et de joie, tout le monde se remémorait des souvenirs de l'année qui venait de s'écouler.

Elle me manque. Son sourire me manque. Sa gentillesse me manque. Chaque moment passé en sa compagnie était précieux. Elle m'offrait tout son amour et ça me suffisait. Quand elle est partie rejoindre mon grand-père, cette magie s'est un peu effacée. Plus de fêtes. Plus de rire. Plus d'odeur de vanille qui venait me chatouiller les narines. Pendant plusieurs années, Noël était devenu pour moi un jour comme les autres. Et je sais pourquoi ! Il me manquait l'amour. Je ne l'ai toujours pas trouvé et je ne suis pas certaine de le rencontrer bientôt. Il va falloir vraiment que je sorte de cette coquille qui me pourrit la vie. J'ai besoin d'entrer dans la réalité. Je suis du genre à être rêveuse. Toutefois, je dois chasser toutes ces pensées de mon cerveau. J'ai du boulot qui m'attend.

Je jette un œil une dernière fois dans les rayons du magasin, monte sur un marchepied pour ranger les chemises mal rangées sur les étagères. Depuis deux ans que je travaille chez « Élégance », je supporte la mauvaise humeur de ma patronne. Si elle voit ce désordre, je sais que ma journée sera un désastre.

— Satiiiiine !

Trop tard ! Je sursaute à entendre sa voix stridente. Je devrais mettre un casque pour ne plus l'entendre. Et de plus, elle a failli me faire tomber de ce marchepied. Respire Satine !

— Qu'est-ce que tu fais encore dans les rayons ?

Ça serait bien que sa bouche soit comme une boîte musicale et que l'on puisse la refermer comme on le veut. Je ne la supporte plus.

Elle s'élance vers moi comme une furie. L'odeur de son parfum qui voyage jusqu'à mes narines me fait éternuer. Elle a dû se vider le flacon complétement sur sa robe.

— Que fais-tu ?

Je m'amuse à ranger les chemises sur l'étagère ! C'est vraiment intéressant comme jeu. Pourquoi me pose-t-elle la question ? Elle ne doit pas avoir trouvé sa bête de foire de la journée. Apparemment, elle a décidé de jeter son sort sur moi. Garce ! Je la déteste ! Elle ressemble à cette peste de patronne, tyrannique et déjantée qui joue dans « Le diable s'habille en Prada ». Sois zen Satine ! Lance-lui le sourire le plus faux qu'il existe.

— Je fais du rangement.

Elle n'a pas l'air contente. Son regard est glacial.

— Tu ne vois pas qu'il est l'heure d'ouvrir les portes ?

Je serre les dents pour ne pas lui avouer que j'ai envie de lui mettre une gifle en pleine figure. Pourquoi me met-elle la pression ? Le magasin ouvre à neuf heures. J'ai encore cinq minutes devant moi.

— Remue-toi un peu au lieu de rêvasser !

Si je le pouvais, je lui arracherais sa tignasse grise. Mon sang brûle dans mes veines. Ma main me démange. Toutefois, j'ai besoin de mon travail pour payer les charges de mon appartement. C'est pour cette seule raison que je garde mes mots dans ma bouche. Je sais que mes parents pourraient m'aider mais je ne veux pas dépendre d'eux. J'ai toujours appris à me débrouiller par moi-même.

J'acquiesce d'une grimace puis me dirige vers l'entrée pour ouvrir le volet.

— Et n'oublies pas d'allumer la vitrine !

J'ai toujours envie de la gifler. Ses ordres commencent sérieusement à m'agacer. Et à croire que ce n'est pas mon jour de chance, je me tords la cheville en me précipitant dans mes pas. Un juron sort de ma bouche, ce qui fait sourire Steffy qui s'installe derrière la caisse. Je ne supporte plus les talons aiguilles qu'elle nous fait porter. Dommage que je n'aie pas assez d'audace pour lui balancer à la figure, mais un jour sa méchanceté lui retombera dessus et ce jour-là, je serais la première à rire.

J'ouvre le volet électrique. De nombreux clients attendent déjà devant la porte. En cette période de fin d'année, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer. Mon souhait est que cette journée se termine le plus rapidement possible. Les humeurs de Miranda commencent vraiment à me taper sur les nerfs.  

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