24.

298 42 5
                                    

     Jessica regarda son téléphone sonner pour la vingt-huitième fois. Ils étaient tous de Terry. Depuis son départ de l'appartement la veille au soir, elle n'était pas spécialement pressée de lui parler. Elle filtrait donc ses appels.

- Qui t'appelle aussi tôt le matin ? demanda le commissaire.

    Sa fille retira son téléphone de la table à manger.

- C'est une amie, papa. On doit se voir à l'école pour répéter nos présentations. Alors, comment se passe le boulot ?

- Ça va on s'en sort, répondit-il d'un air surpris.

   Son père continua de la regarder d'un air curieux après lui avoir répondue.

   Jessica lui jeta un regard interrogateur.

- C'est la première fois que tu me redemandes ça depuis des années.

- Tu veux dire depuis l'épisode de...

   Elle s'interrompit au milieu de sa phrase. Tout le monde à table savait déjà de quoi il était question, du moins ils le croyaient.

   Son père la regarda par-dessus ses lunettes.

- Tu as vraiment envie de reparler de tout ça ce matin ? Et te gâcher la journée ?

   Elle baissa la tête et se concentra sur son assiette.

- Est-ce que je regrette que tu n'aies pas pu voir ton ami avant son décès ? Oui. Je suis vraiment désolé pour cela, nous le sommes tous autour de cette table. Est-ce que je regrette de ne pas t'avoir laissée sortir pour autant ? Absolument pas. Tu étais punie parce que tu étais sortie de la maison toute la journée sans téléphone et sans que personne ne sache où tu étais. As-tu seulement une idée de ce que c'est que de rentrer chez toi et de n'avoir aucune idée d'où se trouve ta fille ? Alors tu auras beau m'en vouloir, je ne m'en voudrai jamais d'avoir joué mon rôle de père. Si c'était à refaire, je le referai sans hésiter.

- Ne recommencez pas avec cette histoire ce matin s'il vous plaît, implora madame Akue.

- Je l'ai vécu toute mon enfance papa, répliqua Jessie. Et je continue de le vivre. Je passe mes journées à me demander ce que tu fais et si tu vas bien. Mais je ne m'en plains pas. Je voulais juste prendre des nouvelles de ton travail, comme le ferait toute fille qui se soucie de son père. J'ai juste arrêté de le faire parce qu'à chaque fois tu penses que c'est parce que j'ai une confession à te faire. Tu sors difficilement de ton rôle de commissaire.

- Je suis désolé chérie, répondit son père d'un air contrit. Tu veux que je te dépose à ton rendez-vous avec ton amie ?

   Elle hocha la tête et alla se préparer.

   Un quart d'heure plus tard, elle s'installa sur le côté passager dans la voiture de son père. Ils ne parlèrent que de sa soutenance prochaine pendant le trajet. Elle lui fit part de son stress grandissant à l'approche de la date. Il essaya tant bien que mal de la rassurer en lui rappelant à quel point elle était brillante.

   Le cœur de Jessica manqua un battement quand elle vit la voiture de Terry garée devant son école. Que faisait-il à son école ? Elle sortit son téléphone pour le prévenir qu'elle était là avec son père. Elle commença à écrire le message quand une femme tendant vers la cinquantaine, les cheveux grisonnants, sortit de l'école pour ouvrir la voiture. Jessica se retint de soupirer de soulagement.

   Elle souhaita une bonne journée à son père.

- J'aimerais te parler si tu n'es pas trop pressée, lui dit ce dernier.

Gangster 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant