Prologue Partie 4

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Un moine leva la main et obtint la parole :

 — Nous pourrions monter une sorte de patrouille...

 — Pour commencer, nous ne sommes pas de ces moines chevaliers, qui cherchent le moindre prétexte pour se mettreen selle, trancha durement l'abbé. Nous n'avons aucunentraînement pour l'action, peut-être l'aurez-vous oublié... 

Et puis surtout, une patrouille pour aller où ?

   Vous avez unepiste ou vous comptez partir à l'aventure ?

 Le grimoire pourrait aussi bien aujourd'hui être au bout du monde. Autrechose ? 

 L'abbé Ernoul de Bréban était un homme grand et sec, auxyeux clairs et sévères, au long nez mince et busqué. Tout dansses manières était aussi sec et tranchant.

  — La vague de sorcellerie doit bien y être pour quelquechose, dit un autre frère. Si les sorciers, et surtout les sorcières, se mettent à unir leurs forces, qui sait s'ils n'ont pasassez de puissance pour une opération d'envergure ? 

Nousavons des listes de sorciers, nous pourrions les interroger. 

— C'est justement ce que je comptais faire, annonça l'abbé.Nos listes sont bien maigres et ne comptent que menu fretin,mais c'est un début. 

Frère Renaud, vous vous occuperez decela.

 — Bien, Révérend Père Abbé.

 — D'autres questions ou suggestions ?Une main se leva. 

— Oui, frère Archambault ?

 — J'aimerais, Révérend Père, vous conseiller de vousadjoindre pour cette gravissime affaire les services de monjeune frère.

 — Quel frère ? Nous sommes tous là, parlez.

 — Non pas mon frère en religion, Révérend Père, maismon frère de sang. Je crois qu'il pourrait être utile à notrequête.

— Utile, vraiment...14—

 Je le pense, Révérend Père Abbé. Je pense qu'il pourraitretrouver le grimoire pour nous. 

— Fait-il partie de la... de la confrérie maudite ?

 — Lui ? Un sorcier ? Oh non, pas du tout. Mais il sembleavoir des talents pour découvrir les objets que nous recherchons.

 — Vous-même, frère Archambault, ne manquez pas d'aptitudes en ce domaine. Quand vous avez postulé pour êtrenovice, vous n'êtes pas venu sans... provisions. 

— Justement, Révérend Père Abbé, il me faut reconnaîtreque c'était mon cadet qui m'avait mis sur la piste.

 — Quoi, les chaînes maudites de Zozyme, le parchemind'Anastros, l'anneau d'obsidienne, ces trouvailles n'étaientelles pas de votre fait ? 

— Il les a dénichées mieux que moi, sans le vouloir ni lechercher je crois. Il a une sorte de don, je ne saurais expliquerpourquoi. Il était très jeune, on aurait dit qu'il flairait tous cesobjets maudits.

 — Et où le trouve-t-on, cet intéressant personnage ?

— Voilà trois ans que je ne l'ai pas vu, Révérend Père. Maisje pense que c'est à Rivelet, dans le château de notre famille,que nous pourrons au moins avoir quelques renseignements. 

— Hum, bon, gardons cela en tête. Autre chose, sinon ?

 — L'ange sculpté de l'église de Saint-Gondevald pleure devraies larmes et délivre des oracles, suggéra frère Justin.

 — Ses larmes sont une simple imposture créée de toutespièces par le curé. Si j'avais le temps, je vous expliqueraicomment procède cet escroc. Et l'ange n'a jamais fait d'oracles. 

— Et les reliques de sainte Constance ? Il paraît qu'ellesexaucent tous les vœux...

 — Ce serait parfait si elles n'avaient pas été volées il y aquatre mois.Les suggestions allaient leur train. L'abbé les examinaitune par une, sans illusions.

Le Grimoire maléfique de Béatrice BottetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant