Cocon d'étoiles

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Le sang battait dans mes oreilles, les bruits extérieurs s'amenuisèrent, la voix de Sam se fit lointaine, couverte par les tonitruants battements de mon cœur ; je ne voyais plus les regards surpris, inquiets, narquois, tendus ou curieux, je sentais seulement l'étau qui enserrait ma tête avec force, avec rage ; mes mains se jetèrent en vain sur mes tempes comme pour les arracher à cette oppression intense et invisible qui écrasait mon crane, mais c'était inutile; j'étais impuissant et seul face à ma douleur.

Besoin de sortir.

Sortir de cette pièce grouillante de tout ce monde d'imbéciles amassés pour voir le spectacle de ma douleur.

« Allez vous en ! » ai-je hurlé. Où était-ce dans ma tête ?

Besoin de sortir.

Sortir de cette tension, sortir de cette excitation étouffante, sortir et ne plus jamais revenir.

Sortir. Fuir. Tout de suite.

Mes jambes me traînèrent machinalement à travers un brouillard de têtes, de chaleur, de voix, de commentaires, de rires, pour m'amener vers mon coin favori, le toit de la maison, le seul endroit qui pouvait encore me sauver. Marcher, un pas derrière l'autre. Trébucher, se rattraper. Courir dans l'escalier, quatre marches à la fois, ouvrir une porte, découvrir deux visages étonnés et agacés se tourner vers moi. Fermer la porte avec précipitation, se jeter sur celle du fond, celle en bois, l'ouvrir !

Et sentir enfin la douce fraîcheur du soir m'entourer d'un cocon silencieux.

Je levai les yeux au ciel, et fut frappé par la grâce de ces millions d'étoiles qui scintillaient calmement, indifférente à ma présence, à mes yeux humides de larmes, aux conneries des Hommes qui se croient si grands, si importants, dans leur épingle de Galaxie. Flottant dans ce ciel sans limites, mon cœur se calma, mes poings se relâchèrent un peu, et une brise rassurante chassa une partie de la douleur de ma tête.

Je respirai.

L'immensité de cette peinture céleste m'enveloppait d'une telle fraîcheur veloutée que mes ennuis s'échappèrent un instant de ma tête endolorie, happés par le délicat murmure des lumières muettes qui à des millions de kilomètres de moi, me consolaient.

Alors, lors d'un cours moment éternel, je levai mes yeux au ciel, et respirai.

J'existai.

FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant