♤ Paris, France. 19h 42mn GMT ♤
Putain !
Voici la seule chose à laquelle pensait Aïcha quand sa mère entra dans sa chambre, claquant la porte contre le mur et la faisant sursauter au passage.
-Aïcha, viens ici, dit sa mère très calmement même si on sentait qu'elle était tendue.
Elle savait pourquoi elle était là.
Elle n'avait pas fait la vaisselle.
Elle était foutue.Ça faisait déjà plus de deux heures que sa mère était sortie faire les courses et elle n'était pas même encore entrée dans la cuisine.
Elle aurait au moins pu faire un effort. Ça faisait longtemps que sa mère ne lui avait pas donner des corvées ou même demander un service.Mais non, elle avait préféré rester tout ce temps sur son téléphone à parler avec Hakim.
Ah, ce canon d'Hakim, qu'est-ce qu'elle n'aurait pas fait pour lui.Pourtant, elle était plus que bien placée pour savoir que dans sa famille, on ne tolérait pas ce genre de comportement.
Non, vraiment elle n'avait aucune chance.
C'était son dernier jour sur terre. Dommage, elle n'avait pas pu dire adieu à Hakim.Lentement, Aïcha se leva de son lit et s'approcha de sa mère.
Elle déglutit péniblement et leva les yeux vers la femme qui lui avait donné la vie.
Celle-ci était bien plus grande qu'elle.
En effet, malgré qu'elle aie quitté l'enfance depuis longtemps, Aïcha était toujours ridiculement petite de taille.
Ce qui rendait la situation encore plus effrayante.
Sa mère la regardait les sourcils froncés.
Elle avait l'air furieuse, en fait non, elle l'était.- Aïcha Naima Funy Camara !
Tu es devenue bête ?! Tu n'as pas entendu ce que je t'ai dit ou bien c'est quel singe qui a mis des feuilles dans tes oreilles ?
Tchrrrrrrrr...
Toi, tu es quel genre d'enfant, on te dit de faire quelque chose, tu ne fais pas.
Même pas capable de laver des assiettes...
Humm, c'est pas comme ça que tu vas trouver un mari hein.-Pardon, maman, je... J'ai... J' ai oublié.
-Han, imbécile, cochon malade, tu as oublié ? Tu faisais quoi et tu as oublié ? Et puis quand je te parle tu ne me réponds pas ! Je ne suis pas ta copine ! Si tu étais née en Afrique comme moi, tu allais savoir.
Là-bas, y'a longtemps on a aplati ta grosse tête-là avec louche,*babila !Il n'y avait pas à dire, pour fermer le clapet à quelqu'un, Maimouna Camara n'avait pas son pareil encore plus lorsqu'il s'agissait de ses enfants.
-Que ce soit la dernière fois !
Allez ! Va me laver ça tout de suite !Aïcha ne répliqua pas. Non, elle n'était pas folle. Elle fila comme une flèche dans la cuisine. En passant dans le salon, elle vit ses deux frères, jouant aux cartes et ne se souciant même pas de son triste sort.
-Bande de lâcheurs ! Lança t-elle.
Son petit frère, John ne leva même pas la tête tandis que, le plus grand, Mustapha rit très fort et dit:
- Excuses nous si tu es bête, maman te dit de faire quelque chose, tu fais pas, que c'est garçon qui t'intéresse et tu crois que tu vas t'en sortir. Ça marche pas comme ça.
Faut pas s'étonner si elle est vénère ensuite.Aïcha préféra l'ignorer et se dépêcher de faire sa vaisselle avant de se recevoir un coup de claquette de sa mère.
Tout en s'attelant à la tâche, elle se mit à penser.
Sa famille était vraiment insupportable ces derniers temps. Pas un pour rattraper l'autre. Elle qui pensait que sa mère allait enfin la laissé un peu tranquille. Elle s'était bien trompée.
Ils l'a traitaient tous comme une enfant.
Certes elle se comportait parfois comme une enfant mais quand même.
Elle avait 18 ans et très bientôt 19.
Il fallait qu'ils lui lâchent un peu la grappe maintenant.
Elle devait vite se trouver un appartement suffisamment loin pour qu'on ne l'embête plus. Mais avant, il fallait qu'elle prouve à sa mère qu'elle était assez responsable pour se débrouiller toute seule.
Mais comment ? Elle même doutait énormément.
Même la vaisselle, elle n'arrivait pas à la faire correctement.Puis soudain, elle se rappela.
Le lycée très privé dans lequel elle étudiait proposait chaque année un voyage de détente et de formation aux élèves les plus méritants dont elle faisait (évidemment) partie.
La particularité de ce séjour étant que c'était aux élèves de proposer une destination.
N'importe laquelle. Tant que le budget était respecté.
Oui, leur proviseur -un homme très excentrique-- avait une idée bien précise sur la manière dont il fallait éduquer les enfants.Elle n'avait encore rien dit à sa famille, car elle n'y avait pas réellement songé. Elle ne prenait jamais au sérieux ce genre de chose. Pourtant, c'était sûrement la meilleure occasion qu'elle pouvait avoir.
C'est en pensant ainsi qu'elle déposa la dernière assiette, nettoya le plan de travail et fila dans sa chambre avant de se faire encore interpellé.
Elle prit aussitôt son portable et entreprit de passer certains appels.
~~~~
Des jours plus tard, après avoir passé son temps à s'organiser et à réfléchir sur la meilleure destination Aïcha était arrivée à la conclusion que partir en Afrique, c'était la pire idée qu'elle ait jamais eu.
Au départ, elle s'était imaginé proposer un voyage de rêve aux centre des terres africaines, elle qui n'était jamais aller au pays.
Elle s'était même mise d'accord avec Josh, Myriam et Mariam pour faire pression sur les autres élèves.Mais depuis quelques temps, avec le comportement de sa famille, elle commençait à douter du bien fondé de son idée.
Et si tout le monde était comme ça là-bas ? Tyranniques et hostiles ? Comment allait-elle s'en sortir, elle n'y était jamais allé.
Et puis, un mois loin d'Hakim !
C'était beaucoup, il aurait tout le temps de s'intéresser à quelqu'un d'autre. Sa nouvelle voisine par exemple.
C'était risqué.
Sans compter que ça devait manquer de McDo et de KFC.
Elle avait fait des recherches sur le net et elle savait qu'elle n'était pas prête pour ça.Elle n'était même pas sûre de pouvoir se débrouiller seule hors de Paris alors en plein milieu d'une savane sauvage avec des indigènes.
Elle n'en reviendrait jamais vivante.
C'était décidé, il fallait qu'elle convainque les autres d'abandonner cette idée et le plus vite possible.
☀ ☀ ☀
*Babila: C'est un mot de la langue paternel d'Aïcha, le Mooré, langue couramment parlée dans son pays d'origine, le Burkina Faso. Littéralement ça signifie...
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ALORS, QUELLES SONT VOS IMPRESSIONS SUR CETTE PETITE INTRO ?
Aïcha et sa situation familiale ?
Le caractère de notre héroïne ?
Vous avez une petite idée de la suite des événements ?J'attends vos commentaires ♤Prochain chapitre : Le goût de l'échec
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African Dream
Teen FictionPour Aïcha, Jonathan et Martine, ce voyage en Afrique était une mauvaise idée. Sarah et Vincent ne supportaient ni la chaleur, ni les insectes. Mariam et Miriam, elles, espéraient un safari. Dylan ne rêvait plus que de belles femmes en pagnes dotée...