Chapitre 36

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Linh

La liberté devait sûrement être la chose la plus importante pour l'Homme. 

Elle lui était même nécessaire. Alors imaginez par exemple, voir un oiseaux déployer ses ailes pour la première fois, battre ses beaux plumages qui avaient pris tant de temps à se former, à se coudre petit à petit, parcelle par parcelle, ses belles ailes qui pouvaient enfin sentir la douceur du vent de l'aurore d'une journée d'été, se faire soudainement capturé dans une cage rouillée. 

Vous auriez beau lui dire que c'était pour sa sécurité, qu'il risquait de mourir, lui changer les barreaux en de l'or plaqué, vous ne feriez qu'attrister d'avantage cette pauvre créature. En fait, vous ne feriez que la tuer une deuxième fois. 

Qu'y avait-il de pire que de le laisser vivre en lui permettant d'admirer à travers ces barres de fer un tout autre monde, beau, coloré, frais, dont il ne pourrait jamais en connaitre le bonheur? C'était comme approcher un verre rempli d'un breuvage frais tout proche d'un aventurier à la bouche aride. Pourquoi l'avoir fait entrapercevoir ce semblant de bonheur si il n'allait pas pouvoir en gouter la joie? Autant ne l'avoir jamais vu. Autant n'avoir jamais existé.

C'était exactement ce que devait ressentir Alexander dans sa grande prison blanche à l'odeur de désinfectant. Il voulait vivre. Et on l'avait enfermé sous prétexte qu'il voulait mourir.

Nous étions arrivés devant l'hôpital. J'avais beau régulièrement venir ici, voir le lieu de nuit me donnait toujours un frisson.

-T'es sûr de ce qu'on va faire là? déclarai-je en regardant le bâtiment devant nous.

-Franchement non... répondit sincèrement Nolan à côté de moi. Mais nous devons le faire... Pas vrai?

Oui, on devais le faire... 

Une fois entrée dans le bâtiment, mes yeux se plissèrent légèrement sous le contraste de la faible lumière des réverbères à celle de l'entrée de l'hôpital qui était d'un blanc immaculé qui me brûlait la rétine. La pièce était bruyante, animée. On pouvait entendre les téléphones sonner toutes les dizaines de seconde, les docteurs et les infirmiers se baladaient de partout, et plusieurs personnes du quotient, lambdas, étaient juste assis sur des chaises en attendant leur tour. L'hôpital était décidément un lieu où on ne dormait jamais.

-Bon c'est quoi ton plan? demandai-je enfin en croisant mes bras.

-C'est simple, toi tu fais diversion auprès du personnel de l'accueil et moi j'essaye de faire sortir Alexander d'ici sans nous faire repérer.

-On ne pourrait pas tout simplement leur demander poliment une autorisation de sortie?

-À 10h du soir?

Pas faux. Je soufflai un bon coup.

-Fais vite... lui lançai-je en me dirigeant vers l'accueil.

Il fit un léger salut militaire en me souriant:

-Reçu cinq sur cinq chef! Tu ne remarqueras même pas mon absence.

Nolan

L'un de mes plus grands rêves depuis tout petit était de devenir un agent secret. 

J'avais toujours voulu partir faire des missions d'espionnage pour le FBI, découvrir ce que cachait le directeur d'une grande ambassade dans son coffre fort, mettre à plat les plans diaboliques d'un grand milliardaire américain. Aujourd'hui je réalisais en quelque sorte un peu mon rêve sauf qu'au lieu de me rendre dans un grand hôtel de luxe je me trouvais dans un hôpital, et que je portais un sweat gris et un bonnet sur la tête au lieu d'un smoking en laine noir.

Mes notes en couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant