Mes notes en couleurs

Chapitre 38

Linh

J'aimais la nuit.

Cette atmosphère apaisante, cette notion d'infini qui prenait tout son sens. La nuit tout était confusion, tout n'était plus qu'un "je suppose" que l'on aurait rapidement deviné en un regard à la lumière du jour. Ce mystère qu'apportait le soir me fascinait à redessiner tout le monde qui nous entourait en un rayon d'ombre. C'était peut-être pour ça que j'aimais autant me coucher tard. Pour être seule, allongée dans mon lit, et admirer ce ciel noirci dont des fées s'étaient amusées à broder les étoiles. 

Alors sans exception, ce soir là, je m'étais allongée au bord de la rive, les pieds pataugeants dans l'eau glacée du lac, et j'avais regardé cet espace infini dont on ne découvrira sûrement jamais tous les secrets.

Des bruits de pas lointain vinrent interrompre mon moment de calme.

Il devait bien être deux heures du matin déjà et je sentais la fatigue s'installer peu à peu en moi.

-Il est parti? demandai-je en me relevant.

Nolan et Alexander s'installèrent par terre, à côté de moi. Le brun hocha la tête.

-T'es pas trop triste Alexander?

-Non ça va, il m'a dit qu'il viendrait régulièrement me rendre visite! s'exclama-t-il avec enthousiasme.

Je lui souris. C'était agréable de revenir à nouveau au lac et d'entendre les clapotis de l'eau. Je l'observai un moment, avant de dévier mon regard vers Nolan. Il me fit signe de la tête. Le moment était enfin venu.

 Je sortis de mon sac une petite boite.

-Tiens, c'est notre cadeau d'anniversaire...

Je lui tendis la boîte enveloppée dans du papier rouge et décorée par un ruban doré. Alexander baissa les yeux en prenant l'objet entre ses mains.

-C'est vraiment pour moi? questionna-t-il surpris.

-Evidemment! répondit Nolan. Vas-y, ouvre...

Le petit garçon déchira avec lenteur le papier cadeau. En ouvrant la boîte, il resta ébahi devant l'objet. 

C'était un collier à la chaine argentée à laquelle était suspendue un morceau de verre en forme de goutte. Il détacha le pendentif de la boîte et observa de plus près la goutte qui émettait une lumière bleutée sur la paume de sa main. À l'intérieur du verre parsemé de petites bulles d'air, on pouvait apercevoir une tornade phosphorescente.

-On a réussi à capturer une tornade pour toi, déclara Nolan en regardant Alexander.

-Et celle là ne disparaîtra jamais. continuai-je.

Je pris l'objet entre ses mains puis l'attachai autour de son cou. Une fois fait, je m'éloignai pour l'admirer. 

Le collier allait parfaitement à Alexander. C'était presque une évidence, comme si il en était le détenteur depuis dès siècles et que ce pendentif avait dû voyager de cou en cou pour enfin retrouver son propriétaire.

J'aimais bien la lumière que produisait la tornade dans la nuit. On aurait pu la confondre de loin à un libellule montrant le chemin à des aventuriers perdus. Une lumière qui serait toujours là, proche du coeur. La lumière qui guide dans le noire. Ce collier avait presque un côté poétique... 

Mais alors, pourquoi cette lumière commença à légèrement trembloter? Pourquoi des petites gouttes scintillantes tombèrent? Étaient-ce des éclats de verre? Les pleurs d'une libellule?