Une lumière, un cri, des gens.

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J'ouvre les yeux, mais je ne vois rien. Je suis dans un endroit sombre, sans rien autour, sauf une petite lumière au loin. Je regarde cette lumière, une lumière blanche dans un monde sombre. Suis-je mort ? C'est fort probable. On parle toujours de "voir la lumière" et "d'avancer vers la lumière" quand on meurt. Je pense vraiment ne plus jamais revoir le jour, le ciel, les oiseaux, tout ce qui compose la vie. J'essaie alors d'avancer vers cette lumière, mais plus j'avance, plus elle recule. J'essaie de courir, de marcher, même de ramper, mais rien à faire, elle recule quoi que je fasse.

Je tente alors quelque chose de bête, mais qui marche. Je me met à reculer et la lumière s'approche de moi. Mais elle est vraiment loin. Je m'emmêle les pieds et je tombe, mais je me relève et je continue. Je repense à toutes les personnes que j'ai connues de mon vivant. Mes parents, ma soeur, mon meilleur ami, mon petit copain, toutes les personnes qui sont importantes pour moi et que je ne reverrai jamais. Mais malgré ça, je continue à reculer, je veux atteindre cette lumière. Je marche à reculons pendant des heures, mais je ne l'atteins toujours pas, je commence à être épuisé. Je m'assois alors, je repense à toutes ces personnes, encore une fois.

Après m'être reposé quelques minutes, je me relève et me remet à reculer. Vous me direz que je suis bête, qu'il suffit de me retourner, mais quand je tourne sur moi même, cette lumière me suit, elle est toujours face à moi, quoi que je fasse. Je continue alors à reculer et plus la lumière est proche, plus j'entends quelque chose. Au départ je ne savais pas ce que c'était, mais maintenant je l'entends nettement, c'est un cri. On dirait une petite fille qui souffre terriblement.

Je cours à reculons, c'est de plus en plus dur de ne pas tomber, mais je veux atteindre cette lumière et voir pourquoi cette petite fille crie. Je continue pendant des heures et des heures, la lumière s'agrandit. Au départ elle n'était qu'un petit point et maintenant elle fait la taille d'une porte. J'espère l'atteindre assez vite. Je m'assois une nouvelle fois, je me repose encore quelques minutes et je me remet à courir à reculons, ce cri est de plus en plus fort, il siffle dans mes oreilles, c'est horrible.

Soudain, j'atteins cette lumière. Je fais un pas de plus en arrière et la pièce devient blanche. Je peux maintenant librement bouger, devant, derrière, sur les côtés. Je peux aller n'importe où. Ça fait du bien de ne plus avoir à reculer en permanence. Je ne l'ai pas remarqué tout de suite, mais le cri s'est arrêté à mon entrée dans la lumière. Je vois alors des formes humaines. J'avance vers elles, mais ce ne sont pas de vrais humains. Ils sont entourés d'une aura bleue, c'est étrange.

Je m'avance vers la plus petite et à mon grand étonnement, le visage de ma soeur se dessine. Elle se met à me parler, elle me dit de revenir, de ne pas partir. J'aimerais revenir, mais comment faire ? Je n'ai personne pour me répondre, ils ne m'entendent pas. J'essaie de prendre ma soeur dans mes bras, mais je passe au travers, je ne peux pas la toucher. Je m'avance vers les deux personnes qui se tiennent la main, ce sont mes parents. Ma mère me regarde et me dit qu'elle m'aime. Je ne l'avais jamais entendue dire ça. Elle m'a quasiment abandonné quand elle a su que j'étais gay, alors pourquoi elle me dit qu'elle m'aime maintenant. Mon père me regarde et me dit de ne surtout pas abandonner, de faire comme lui quand il était à l'hôpital pendant trois ans, de me battre. Je ne comprends pas ce qu'ils attendent de moi. J'espère avoir les réponses auprès des deux dernières personnes. Je m'avance vers l'une d'elle, c'est mon meilleur ami, il me dit que depuis qu'on est tout petit il ne m'a jamais abandonné, que j'ai pas le droit de lui faire ça alors que lui n'aurait jamais osé. Il ne me donne pas plus de réponses que les autres, je suis perdu.Je regarde la dernière personne, je sais qui c'est, mais j'ai peur de m'en approcher, j'ai peur de savoir ce qu'il a à me dire.

Je m'avance finalement vers lui, Alexis, mon petit copain. Ça fait trois ans qu'on est ensemble, c'est mon premier amour et je suis le sien. Il me regarde dans les yeux, me dit qu'il m'aime, qu'il ne veut pas me perdre. Il me dit que je suis le seul amour qu'il ai connu et le seul qu'il veut connaître. J'essaie de l'embrasser, mais comme avec ma soeur, je ne peux pas, je passe au travers. Je veux sentir une dernière fois sa peau contre la mienne, je veux le prendre dans mes bras, sentir sa peau contre ma peau, sentir ses lèvres sur les miennes, sentir son souffle dans mon cou et sentir ses baisers se déposer tendrement, sentir ses papouilles qui m'aident à m'endormir le soir, je veux simplement être avec lui, je l'aime.

Son visage s'approche du mien, je vois les larmes couler sur son visage, je ressens sa tristesse, je veux être avec lui, laissez moi une dernière fois avec lui, c'est la dernière chose que je souhaite, je vous en supplie !

Soudain, je vois ma soeur disparaitre, puis c'est le tour de mes parents, suivit de mon meilleur ami. Je regarde Alexis dans les yeux, je sais qu'il va disparaitre, je me jette sur lui, mais il disparait avant que je ne l'atteigne. Je vois ces petits morceaux d'aura qui s'envolent dans les airs, je me met à genoux et j'essaie de les ramener à moi. Je veux le revoir, laissez le moi, ne me l'enlevez pas !

D'un coup, tout redevient noir et mes yeux se ferment. Suis-je finalement mort ? Je ne veux pas être mort, je veux revoir toutes ces personnes. Je veux les prendre dans mes bras. J'ouvre les yeux et je vois un néon sur un plafond blanc. J'entends une voix familière qui crie "On a besoin d'une infirmière !" Je regarde en direction de la voix et je vois Alexis, à côté de moi, me tenant la main. Une infirmière arrive et vérifie des choses. Je regarde Alexis à nouveau, il me regarde dans les yeux, ses larmes coulent encore. Je demande ce qu'il s'est passé et il me dit :

"Tu étais dans le coma depuis une semaine. Je pensais que tu allais mourir alors je t'ai dis que je t'aimais, que tu étais le seul amour que j'ai jamais connu et le seul que je veux connaître. J'ai déposé un baisé sur tes lèvres et tes yeux se sont lentement ouverts, comme si tu avais senti que j'étais près de toi."

Je souriais malgré que je venais de me réveiller d'un coma d'une semaine. Mais mon sourire était accompagné de larmes, des larmes de joies d'avoir retrouver Alexis. Il avait pris son téléphone et était sorti de la chambre pour appeler ma famille et mon meilleur ami. On était enfin tous réunis et mes craintes étaient finalement disparues.

Recueil de OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant