- Vous ne trouvez pas que le ciel est bizarre, ce soir ?
Douze garçons, amis, ennemis ou inconnus, se retrouvent par hasard, un soir, dans le même club : l'ExorDium. Le lendemain, aucun d'eux ne se souvient de comment s'est terminée la soiré...
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Junmyeon
Junmyeon sentit son éternel sourire positif vaciller lorsqu'une énorme goutte de pluie vint éclater sur le verre de ses lunettes. Une seconde suivi presque aussitôt et bientôt, une averse froide et drue trempait ses épaules, l'eau roulait sur sa nuque et gorgeait d'eau les dossiers qu'il transportait dans ses bras. Le jeune homme songea que sa journée était riche en imprévus.
- Allons Junmyeon, vois cela comme une nouvelle épreuve à laquelle confronter ton sang-froid que rien ne peut entacher ! s'exclama-t-il au milieu de la rue.
Une gouttière éclata juste au dessus de sa tête, le douchant de la tête aux pieds.
- Bordel.
D'ordinaire, son quotidien était réglé comme du papier à musique. Il se levait à six heures trente à la première sonnerie de son réveil, en frappant énergiquement ses joues pour se réveiller. Puis, il arrivait à la fac à huit heures et suivait assidûment chacun de ses cours, sans jamais un retard ou une absence.
Ensuite, il prenait sa pause déjeuner dans un minuscule restaurant qui servait un excellent topokki. Cela lui prenait trente minutes montre en main, une heure s'il déjeunait avec un autre étudiant pour discuter des cours - et uniquement des cours, il avait rapidement compris que ses plaisanteries ne faisaient rire que lui.
Il était un jeune homme sérieux. Du moins, il se plaisait à le penser, et n'avait jamais été du genre à se surestimer. Il surveillait attentivement son sommeil, prenait soin de sa peau et mangeait équilibré. Il avait des biscuits complets dans son sac et des tickets restaurant pour les sans-abris, buvait beaucoup d'eau et se réservait le dimanche matin pour cuisiner des plats pour sa semaine. Il se maintenait même en forme avec vingt minutes de sport quotidien avant sa douche, en prévision du scénario improbable où il rencontrerait l'amour au détour d'un rayonnage de la bibliothèque.
Au terme d'une après-midi entière de travail, il prenait l'avant-dernier bus à vingt-et-une heure cinquante-sept qui le ramenait directement chez lui. Il prenait toujours celui-là pour ne pas risquer de manquer le suivant et dernier, qui passait à vingt-deux heure douze. Cette précaution n'avait jamais été utile : il n'était jamais en retard nulle part.
Réflexion faite, la journée de Junmyeon avait donc été tout à fait inédite.
Son partenaire de dossier lui avait rendu un travail pitoyable, il avait été contraint de tout reprendre tout seul, pour éviter une autre catastrophe. Ensuite, on lui avait volé sa carte de crédit. Il avait fait opposition immédiatement bien sûr, mais il s'était retrouvé sans argent et avait dû se contenter d'un paquet de chips au distributeur. Le reste de sa monnaie était parti dans un ticket de bus et cette fois, il ne pouvait que se blâmer lui même d'avoir été assez stupide pour l'avoir acheté en avance. Ensuite, son ordinateur l'avait lâché, lui faisant perdre presque quatre heures de travail. C'était une véritable antiquité avec laquelle il travaillait depuis sept ans, et il s'était senti idiot sur le moment, de ne pas avoir pensé à sauvegarder son travail lorsqu'il avait commencé à faire le même bruit qu'un moteur d'avion.
