My cyber boyfriend

~13~

Sur le chemin du retour, Clotilde me bombarde de questions; qui est Jacob, comment l'ai-je rencontré, est-ce qu'il me plaît, ... et tout le reste. La curiosité de ma sœur la mènera à sa perte... heu non, à ma perte en fait.
Parfois j'esquive certaines questions, si je lui avais dit qu'il me plaisait, j'aurai sûrement eu droit à un interrogatoire interminable supplémentaire ou bien tout le quartier aurait été au courant tellement elle m'aurait charriée en hurlant. Et puis, je ne suis même pas sûre qu'il me plait... Je veux dire, physiquement c'est le cas mais je suis plus du genre à m'éprendre pour le mental...
Dit la fille qui se crée une relation fictive avec son voisin canon mais insupportable... Qui est-ce que je crois berner comme ça? Parfois je me fais pitié, vraiment...
Une fois à la maison, je me rue dans ma chambre afin d'éviter d'autres questions éventuelles de ma sœur. Je prends un peu d'avance dans mes cours et une heure et demi plus tard, je décide d'écrire un peu tant j'en ai marre. À vrai dire, je me demande si c'est vraiment une bonne idée d'écrire sur Jack, c'est vrai, ça ne fait que m'enfoncer plus profondément le doigt dans l'œil... Oh et puis, il n'y a que le bien qu'on se fait, j'aime bien vivre mes histoires dans ma tête, elles sont bien plus excitantes que la réalité.

J'écris sans m'arrêter, il devient vert de jalousie à l'apparition de cet autre garçon dans ma vie. Il le défie, lui livre un véritable combat où tous les coups sont permis. Sa possessivité m'enchante, je devrais me sentir honteuse de le mettre dans un état pareil mais c'est tellement satisfaisant et délectable, je voudrais ne jamais l'arrêter...

Je suis interrompue par la sonnerie de mon téléphone qui me signaler une notification Facebook. J'ouvre l'application, c'est une demande en ami.

Jacob Wartin veut vous ajouter en ami.

Eh bien, il ne perd pas de temps celui-là! Je m'apprête à appuyer sur « accepter » mais je me ravise, accepter aussi rapidement voudrait dire que je n'ai rien de mieux à faire... Je décide de me faire légèrement désirer en attendant une heure avant de répondre à sa demande. Oui je me prends pour une tombeuse, et alors?
À peine l'ai-je ajouté en ami que je reçois un message de sa part:

Jacob: Salut Ana ça va?

Moi: Toujours aussi bien qu'il y a deux heures et demi :) et toi?

Jacob: Mon timing n'est pas très subtil n'est-ce pas? :D Ça te dirai d'aller boire un verre demain après l'école?

Moi: Bien sûr! Mais seulement s'il y a moyen d'avoir un milkshake.

Jacob: Ça devrait pouvoir s'arranger, où veux-tu aller?

Moi: Surprends-moi...

Jacob: Ça aussi ça devrait pouvoir s'arranger ;)

Après ça je ne réponds plus, mieux vaut ne pas prendre le risque de se faire passer pour une lourde...
Je descends dîner et une fois à table, j'avertis ma soeur d'un regard qu'elle n'a pas intérêt à parler de Jacob devant maman si elle ne veut pas finir égorgée. Elle semble comprendre le message et se contente de mastiquer en fixant son assiette.

- Alors les filles, elle était bonne cette glace? demande maman.

- Elle avait l'air puisque Clotilde a réussi à engloutir une coupe plus grosse que sa tête, je réponds en riant.

Cette dernière proteste.

      - Hé c'est pas vrai! Elle était pas si grosse que ça!

      - Menteuse, rétorque maman. C'est moi qui t'ai faite et je sais que tu as un second estomac caché lorsqu'il s'agit de glace!

Nous rions toutes les trois. Ça me fait plaisir, j'ai l'impression que ce n'est plus arrivé depuis un éternité. Je me lève, me place derrière ma mère et la prends dans mes bras. Me voyant faire, Clotilde se lève à son tour et vient nous rejoindre, maman parait un peu surprise mais nous enlace en retour. C'est vrai que nos étreintes se font de plus en plus rares.

      - Je sais que je ne suis pas souvent disponible, mais malgré tout, vous êtes ce que j'ai de plus cher au monde, mes filles. Vous êtes les amours de ma vie.

Les paroles de ma mère me font presque monter les larmes aux yeux. Je les embrasse tour à tour sur le front.

      - Je vous aime, dis-je presque en murmurant.

Je débarrasse la table et monte dans ma chambre. Je saisis la photo de papa sur ma table de nuit, l'embrasse et m'allonge. Je suis tellement crevée qu'il ne me faut que peu de temps pour trouver le sommeil.