Routine

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Tu soupires. L'heure t'est inconnue, mais tu sens qu'il va bientôt falloir se lever. Un bruit de piano et d'eau qui coule résonne dans tes oreilles. Tu soupires encore . Et dans un formidable élan d'énergie, tu te lèves et éteins aussitôt la source du bruit. Ton corps retombe mollement sur ton lit, l'énergie reflue aussitôt. En fait, c'est le seul élan d'énergie que tu as de la journée. Pour éteindre ton réveil. Pourtant, ce n'est pas désagréable un bruit d'eau qui coule, mais vu que c'est lui qui te réveille tous les jours à six heures, tu en es venue à le détester. Sur un énième soupir, tu quitte la douce chaleur de tes draps, et pose tes pieds frissonnants sur le parquet de ta chambre. Tu frottes tes bras, et tes longs doigts agrippent le tissu d'un sweat, dont le tissu moelleux tombe sur ton corps. Tu te diriges vers la salle de bain, passe du parquet au carrelage, frissonne un peu plus.

Tu appuies sur l'interrupteur qui dégage une lumière tamisé, et fixes le reflet que te renvoies le miroir. Une jeune fille de quinze ans qui en fait peut-être un peu plus, une silhouette tout en courbes dont la finesse taquine la maigreur, une peau velouté et mate sur laquelle dégoulinent en ondulations de longs cheveux bruns, le genre de cheveux dans lesquels se perdent les amants. Un visage aux traits doux et sombres , une nez légèrement en trompette, une bouche pleine, des pommettes hautes et de grands yeux ambrés, dotés d'un air presque félin. Oui, tu es belle. D'ailleurs, c'est peut-être juste que tu es tombée dans le mauvais lycée, mais tu n'as jamais vu quelqu'un de laid devenir roi ou reine des abeilles . Quand tu réfléchissais encore, tu as essayé de définir la beauté. Tu en as conclus que c'étais totalement subjectif. Pourtant, tout le monde te trouve belle là-bas. Tu fermes les yeux, soupires. Ils sont aussi influençable que toi. Un regard vers le petit minuteur de la salle de bain te ramène à la réalité, et la pensée surgit qu'il serait peut-être temps de se préparer. Tu te dépêches, file ensuite vers le séjour, prépares ton petit-déjeuner. Les tartines craquent dans ta bouche, le chocolat chaud brûlant file dans ta gorge, et l'arôme du jus éclate sous ta langue. Tu te brosses les dents, puis, ce nouveau dans ta chambre, laisse tes habits tomber dans un froissement. Un jean cigarette, une ceinture noire large, une chemise asymétrique à rayures bleues qui découvre délicatement une de tes épaules, des créoles et trois bracelets qui tintent à ton poignet puis tu es prête. Tu saisis ton Todd bag qui contient des cours d'aujourd'hui, passe des bottines à talon puis, quitte ta maison à regret, fermant la serrure dans un cliquetis de clés.


Tu ouvres la boîte aux lettres. Une enveloppe à ton nom. Tu prends le papier, te dis que tu l'ouvriras dans le métro. Tu sors du sas.

Enfin dehors.

Un paquet de clopes passe de ton sac à tes mains, ton briquet en allume une dans un crépitement, et tu la poses, doucement entre tes lèvres. Inspire. La fumée envahit ta bouche, un goût âpre se coule en toi. Retiens. Le goût se fait plus doux, plus agréable. Expire. Tu laisses la fumée envelopper ton visage, se mêler à l'air; et soupire, de satisfaction. Dans tes yeux clos, une lueur apparaît. Une petite lueur orange et grésillante, seule au milieu d'un océan de bordeaux. Elle meurt très vite cette petite lueur, mais l'espace d'un instant, elle aura apporté un semblant de couleur à ton monde. C'est pour ça que tu fumes. Tu sais que ce n'est pas bon pour ta santé, mais à vrai dire, tu accordes peu d'importance à cette dernière. Peut-être que ça te rends juste un peu triste pour ta mère, et pour ceux qui tiennent à toi. Ca les ferait souffrir que tu ais un cancer. Mais le temps efface toujours tout de toute manière, ils finiraient bien par guérir. Tu continues de marcher, tes bottines claquant sur le trottoir, la fumée accompagnant chacun de tes pas.

En-dessous du vernisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant