Le Culte de la lune écarlate

Chapitre Premier 2/3

Isil fut tirer de son sommeil par une femme d'une quarantaine d'année, elle avait les cheveux longs et châtain. Elle secoua doucement l'épaule de l'assassin qui se réveilla en sursaut.

« - Pardon Isil, je ne voulais pas te faire peur. Aramir réunit tout le monde dans le Sacre, nous n'attendons plus que toi. »

A l'entente de cette voix, l'elfe se calma aussitôt. La femme en face de lui répondait au nom de Emma, elle était la compagne d'Aramir depuis des années maintenant. C'est elle qui avait trouvé Isil, il y a bien quinze ans de cela, lorsqu'il n'était qu'un enfant que la guerre avait fait orphelin. Il avait tenté de lui extorquer quelques pièces d'or grâce à une arnaque très bien ficelée. Surprise qu'une telle ruse fut l'œuvre d'un enfant d'à peine sept printemps, elle lui proposa d'intégrer la guilde. Elle lui vendit qu'il ne manquerait plus jamais de rien, tout ce qu'il aurait à faire serait de renvoyer au Néant quelques âmes égarées. Isil n'avait pas tout compris aux enjeux d'un tel travail mais la perspective d'un bon lit et de ne plus avoir jamais faim avait suffit à le convaincre. Il fut initié aux arts de l'assassinat quand il souffla sa treizième bougie. Préparé à ce jour depuis plusieurs années, le contrat fut littéralement un jeu d'enfant dont il tira beaucoup de plaisir. Le regard insistant d'Emma le tira de sa rêverie nostalgique et Isil lui répondit enfin :

« - Ha Emma c'est toi ! Dis-leur que j'arrive. »

La femme acquiesça et quitta la pièce. L'elfe se redressa sur son lit, il attrapa une tunique et un pantalon qui passaient par là en s'en vêtit. Cela fait, il se dirigea vers le Sacre. Le Sacre était une grande pièce parfaitement circulaire, de nombreux bancs y étaient disposés concentriquement et au centre trônait une statue. La représentation anthropomorphe de Nox, dieu de la nuit et de la mort. On disait de lui qu'il veillait sur les créatures nocturnes. Nox était le dieu vénéré du Culte de la lune écarlate, son influence avait permis à la guilde d'assassin de grands succès. Tout près de la statue se tenait Aramir. Il couvait d'un regard bienveillant les membres de la confrérie, sa famille. Isil se faufila entre les bancs et trouva une place aux côtés de Dorian et Cassandre.

« - Bah alors t'étais passé où ? Le petit Isil s'est perdu et maman est partie à sa recherche ? » se moqua Dorian.

- La ferme Dorian. Cracha l'assassin d'un ton acerbe. »

L'homme voulu ajouter quelque chose mais la voix d'Aramir emplit la pièce et d'un seul coup, un silence de mort se fit.

« - Mes frères, mes sœurs, je vous ai réunis ce soir pour vous faire part de notre nouveau contrat. Il s'agit du contrat le plus ambitieux que le Culte n'ait jamais connu. Celui qui nous fera entrer dans l'Histoire. Notre cible n'est personne d'autre que l'éminent Empereur Aurélien le Sage. »

Suite à cette déclaration, de nombreux murmures s'élevèrent dans le Sacre. Quand le calme fut à peu près de retour, Aramir reprit.

« - Pour mener à bien cette mission, nous allons devoir faire preuve de patience. Toute la guilde sera mobilisée à la réussite de ce contrat, vous aurez tous un rôle à jouer et je vous demande de le prendre au sérieux et de faire de votre mieux. » après une pause de quelques seconde, pleine d'emphase, l'homme ajouta dans un sourire « Et la récompense à la clef devrait vous y motiver. Imaginez toute l'étendue du trésor impérial dans le creux de vos mains, la richesse infinie s'offre à vous. »

Plusieurs exclamations de joie et d'excitation se firent entendre dans l'assemblée et une main se leva.

« - Et que devrons-nous faire, au juste ?

- J'y viens. Une partie de la guilde sera en infiltration au sein du château, l'autre devra gérer toute la logistique depuis l'extérieur. Demain, je vous remettrai à chacun la mission qui vous incombe. Suivez les indications à la lettre et vous serez riches et couvert de gloire. »

Une vive effervescence gagna les membres du Culte, ils discutèrent de la mission pendant encore une bonne heure, chacun arguant qu'il est celui qui aura l'honneur d'occire l'empereur.

Lorsque la réunion toucha à sa fin, les assassins se levèrent comme un seul homme et se pressèrent vers la sortie, appâtés par les victuailles qui les attendaient. Seul Dorian resta aux côtés d'Isil. Il attendit quelques secondes avant de prendre la parole.

« -Isil, je ne sais pas ce qui t'arrive en ce moment mais tu deviens imprudent. Nous sommes peut-être une confrérie mais nous sommes surtout des assassins, ne l'oublie pas. Ta place au sein du Culte est très convoitée, alors évite de t'endormir n'importe où comme ça ! »

Isil fut surpris par l'inquiétude que lui témoignait son ami. Il ne s'attendait pas à cela venant de lui. Il ne pensait pas que Dorian réussirait à entrevoir la lassitude qui rongeait le cœur de l'elfe. En tant que fils adoptif d'Aramir, Isil était destiné à reprendre les rennes du Culte dans les années à venir mais plus le temps passait, plus l'assassin se demandait si c'était réellement de cette vie là dont il avait besoin. Néanmoins, il ne se voyait pas faire autre chose, il avait été entraîné de nombreuses années pour embrasser ce destin. Il était même considéré comme le plus grand assassin de la guilde. Il était rusé et ne manquait pas d'agilité et de force et, malgré une carrure d'apparence faiblarde, il pouvait battre n'importe qui en combat rapproché. Aussi, l'elfe se dit que son ami n'avait aucune raison de s'inquiéter, et même si Isil était téméraire et n'hésitait pas à mettre sa vie en jeu lors d'un combat, il n'était pas suicidaire !

« - Ne t'inquiète pas pour moi Dorian, tout va bien. Je sais me défendre seul. » Le ton d'Isil était sans appel, il ne voulait pas discuter de cela avec le brun.

Puis l'elfe fut le dernier, il resta seul un moment avant de se lever et de s'approcher de la statue. Il avait l'impression de sentir la présence de Nox à ses côtés, il savait que la divinité veillait sur lui. Il effleura la sculpture du bout des doigts avant de se mettre à genou et de murmurer ces quelques mots :

« - Père de l'Ombre, puissiez-vous veiller sur mes pas. »