Menacer mon gynécologue et faire la gueule à mon appareil génital, c'est fait.Éviter les rayons bébés des grandes surfaces et bouder les femmes enceintes, ces nanas immondes, grosses, pleines de boutons, qui puent le vomi et ont volé mon bébé, c'est fait aussi.
Je suis passée par toutes les phases, le déni, la tristesse, la colère, la jalousie. Pourtant, rien ne cesse. J'ai toujours la sensation d'avoir laissé mourir une partie de moi. J'ai l'impression qu'il est toujours là, quelque part dans mes entrailles. Que tout est de ma faute, que j'ai mal fait les choses. Que je me suis baissée trop vite, que j'ai porté trop lourd, que j'ai pas assez mangé, trop mangé. Y a-t-il pire que cette sensation de vide ? Ce mal-être constant que personne n'arrive réellement à comprendre ? Cette impression de temps qui ne s'écoule pas, qui a cessé de tourner pour vous laisser en mode zombie au milieu d'une vie vide de sens.
Il y a des obstacles trop durs à franchir, des étapes bien trop immense à vivre, des moments d'impuissance, d'attente insoutenable qui ne passent pas. Quoi qu'on fasse.Même être devant la porte de son ex est trop compliqué. Mes jambes tremblent, mon estomac se serre et mon coeur me supplie de ne pas sonner. Le revoir me brise de l'intérieur. Néanmoins, l'envie me triture l'esprit depuis que j'ai posé mes bagages chez mes parents il y a de ça quelques jours. Comme si mon âme voulait défier mes vieux démons, la curiosité est la plus forte. J'ai besoin de savoir ce que je vais ressentir lorsque mon regard va croiser le sien.
Est-ce que mon souffle va se mettre en alerte ? Est-ce que l'amour que j'avais pour lui va renaître de ses cendres tel le phénix de Dumbledore ?
Pour le savoir, qu'une seule solution : la manifestation.
Ou, laisser mon doigt appuyé sur cette maudite sonnette...Très vite, un bruit de serrure résonne dans le couloir du premier étage de l'immeuble, m'achevant davantage.
Cela me rappelle une scène d'un roman à l'eau de rose où le protagoniste retrouve sa belle après l'avoir entendue dans son sommeil et, finalement, c'est la grand-mère qui ouvre. Si ça tombe, Pépé Jean va être derrière le mur et Jordan sur ses genoux.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Ok. Ce n'est pas grand-père.
C'est bien Jordan.
Plus grand et plus costaud encore que dans mes souvenir. Le teint hâlé, crâne rasé, la mâchoire saillante et le regard mauvais.
Il n'a pas du tout l'air surpris de me voir.— Je... salut, je suis rentrée.
En même temps, je ne serais pas sur son palier si ce n'était pas le cas. Tobias a dû lui annoncer la nouvelle.
— Tu ne devrais pas être là, déclare-t-il, avec désinvolture.
Son corps fait barrage, m'empêchant de voir l'intérieur de son appartement. Il est cinq heures de l'après-midi, cependant j'imagine qu'il vient de se lever. Il porte un bas de jogging gris, mais pas de tee-shirt, me laissant reluquer son torse athlétique.
— Je sais. Je voulais seulement te voir.
Lui dire qu'il m'a manqué ne ferait que renforcer la haine qu'il ressent à mon encontre. Alors, je me retiens pour ne pas le blesser plus. Il a de quoi m'en vouloir, sa réaction est tout à fait normale. Plus que la mienne lorsque je l'ai abandonné.
— C'est chose faite, maintenant va-t'en.
Un ricanement provient du fond de la pièce principale et je recule, les sourcils froncés. Jordan ne cille pas. Comme s'il savait que ça finirait par arriver.
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Madame Connasse ⚢ (Sous contrat d'édition)
RomanceUn an après la fermeture de Separagence, Agathe débarque d'Espagne pour reprendre le flambeau de son cousin, Corentin. Sa relation déjà compliquée avec son frère se dégrade le jour ou il lui présente Ella, une jeune femme qu'il compte épouser aussi...