N°1

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Locaux de la Mafia Portuaire. 23h08.

Osaki Kôyô ne savait plus quoi faire. Elle avait tout essayé : des paroles douces, des serviettes froides et des pressions rassurantes autour de ses mains. En vain. Chûya se tordait toujours de douleur malgré les bons soins de celle qu'il considérait comme sa grande sœur. Et après deux heures, il devenait de plus en plus dur pour lui de retenir les cris de souffrance qui lui brûlaient la gorge.

Kôyô passa une de ses longues mèches rousses derrière son oreille, seul signe de stress qu'elle s'autorisait en cas de crise. Elle ne pouvait que regarder son protéger souffrir le martyr au creux de son lit, impuissante.

Elle sursauta en entendant la porte s'ouvrir derrière elle, laissant apparaître le parrain et leur chef à tous : Ôgai Mori. Il était peut-être réputé aussi fêlé qu'impitoyable, il n'était pas insensible à la douleur de ses hommes pour autant.

- Qu'est-ce que ça donne ? demanda-t-il.

- C'est de pire en pire, répondit Kôyô.

Comme pour appuyer ces paroles, Chûya se recroquevilla en agrippant les draps immaculés qui l'entouraient.

- Vous ne pouvez vraiment rien faire ? voulut savoir la jeune femme. Vous avez été médecin par le passé.

- Le mal qui ronge Chûya en ce moment va bien au-delà de mes compétences médicales.

Il observa son subordonné reprendre son souffle, alors que les effets de sa dernière crampe se dissipaient légèrement. Mais ce n'était qu'une question de secondes avant qu'une nouvelle vague de douleurs ne vienne l'assaillir.

- Il n'y a qu'une seule façon de l'apaiser, reprit Mori. Et tu le sais, Kôyô.

- Oui, mais ...

- Non ... Jamais ... Je refuse ... qu'il me touche ...

Chûya avait ponctué chaque mot d'un geignement torturé, ne faisant qu'accentuer l'inquiétude de Kôyô et l'impatience de Mori. La jolie capitaine haussa les épaules d'un air aussi désespéré que tourmenté.

- Il n'a pas cessé de réfuter cette idée depuis le début de sa crise. Je ne sais plus quoi faire.

- Moi, si. On ne lui laisse pas le choix.

Il était hors de question que le parrain de la grande Mafia Portuaire de Yokohama perde son meilleur sujet.

Mori entendit à peine les protestations étouffées de Chûya, tandis qu'il s'emparait du portable de ce dernier sur sa table de chevet. Il savait que l'intéressé de répondrait jamais s'il l'appelait avec son propre téléphone. Alors Mori fit défiler la liste des contacts jusqu'à tomber sur le numéro préenregistré qu'il recherchait.

Il porta l'appareil à son oreille en priant silencieusement.

« Décroche. Décroche. Décroche. »

***

Agence des Détectives Armés. 23h12.

- Kunikidaaaaa. Ça fait deux heures et demi qu'on aurait dû rentrer chez nous. Qu'est-ce que tu voulais revoir de si urgent et qui ne pouvait pas attendre demain matin ?

Le blond ignora la question de son collègue, étendu de tout son long sur le canapé de l'agence, tout en continuant de pianoter sur son clavier d'ordinateur.

- Sérieusement, je meurs de fatigue, soupira Dazai en s'étirant.

- Tu es allongé sur ce canapé depuis le début d'après-midi. La seule chose qui te coûte en énergie, c'est de te plaindre, répondit son ami.

Double Ancrage || SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant