N°10

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Agence des Détectives Armés. 16h45.

- À notre nouvelle alliance, déclara Mori en soulevant son verre.

Fukuzawa fit mine de réfléchir et pendant une seconde, toutes les personnes présentes dans la pièce retinrent leur souffle, angoissées à l'idée que les choses puissent prendre une toute autre tournure que celle prévue.

Mais enfin, le directeur de l'Agence se mit à sourire légèrement et il leva à son tour sa coupe de champagne qu'il ne boirait sans doute pas, par conviction morale.

- À notre nouvelle alliance, fit-il écho.

Et l'ambiance explosa en plusieurs acclamations de joie, tandis que les deux verres s'entrechoquaient dans un tintement mélodieux. Mori engloutit le tiers de sa coupe en une gorgée, Naomie sauta au cou de son frère, Atsushi déposa une main attendrie sur le bras de la jeune Gin, Kunikida et Hirotsu échangèrent un regard aimable et Ranpo alla même jusqu'à proposer un peu de ses friandises à Akutagawa.

Ce fut une joie telle que Chûya s'autorisa un élan d'affection et se laissa enlacer par Dazai, avant de venir glisser sa main sur sa nuque et de capturer ses lèvres entre les siennes. C'était la première fois qu'ils s'embrassaient devant leurs collègues respectifs. Non pas que les membres de l'Agence et de la Mafia ne soient pas au courant de leur relation, mais Dazai et Chûya avaient toujours mis un point d'honneur à être discrets.

Assumer leurs sentiments l'un pour l'autre avait déjà été un travail de longue haleine, et lorsqu'enfin la passion qui les électrisait depuis tant d'années les avait enflammés, le plus dur fut de ne pas pouvoir en parler à leur entourage. Les conflits incessants entre leurs deux organisations maintenaient une distance constante entre eux. Cela avait engendré de nombreuses disputes. Au point où, sept mois plus tôt, ils avaient été au bord de la rupture. Une douleur insoutenable et telle qu'ils s'étaient rendus compte de la force de leurs sentiments et de ce besoin de faire quelque chose.

Leurs talents de négociateurs et les nombreuses réunions qu'ils étaient parvenus à organiser entre leurs patrons avaient finalement porté leur fruit. Et cette petite fête improvisée était le point final de plusieurs années de guerre. Et quoi de mieux pour parfaire cette armistice qu'un tendre baiser ?

- Je t'aime, murmura Dazai contre la bouche de son partenaire.

- Moi aussi, je t'aime, répondit Chûya en souriant.

Si on leur avait dit qu'un jour ils se murmureraient de tels mots, ils auraient sans doute explosé de rire. Pourtant, les faits étaient là et personne, aussi choqués pouvaient être leurs camarades, n'aurait pu nier leur amour tant il était aveuglant.

Dazai garda ses mains ancrées sur les hanches de son amant, tandis que Chûya passait ses bras autour du cou du plus grand, restreignant leur bulle de bonheur.

- Et si on rentrait ? proposa le roux en se mordant la lèvre d'un air suggestif.

- Tu as des idées en tête ?

- Peut-être bien.

Il massa doucement sa nuque et l'embrassa de nouveau, plus langoureusement, tout en gardant la pudeur nécessaire à la situation. Dazai rit face à tant d'ardeur de la part de sa moitié et posa son front contre le sien.

- J'adorerai m'enfuir avec toi et te faire grimper jusqu'au septième ciel, lui dit-il. Mais je te rappelle que c'est nous qui avons organisé cette petite fête. La logique voudrait que l'on reste au moins deux heures.

- Depuis quand est-ce que tu es logique, toi ? demanda Chûya.

Dazai rit légèrement et déposa un rapide baiser sur son front, avant de le libérer de son étreinte. Le mafieux fit la moue face au refus de son partenaire. En temps normal, Dazai aurait été le premier à lui prendre la main et à l'entraîner dehors.

Double Ancrage || SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant