Chapitre deux

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Je m'observe une dernière fois dans le miroir. Un dernier petit coup d'œil, qui me semble obligatoire à chaque fois que je quitte la maison. De ce coup d'œil, j'analyse ma tenue pour voir si elle est bien ajustée, ma coiffure pour être sure qu'elle ne bouge pas et enfin ma figure, pour vérifier que mon maquillage soit harmonieux. Cela peut sembler long, mais il ne me faut que cinq secondes pour effectuer cette vérification matinale, inconsciemment inscrite dans ma routine quotidienne.

« Ok. »

Je place une mèche de cheveux derrière mon oreille, m'asperge de mon parfum préféré et saisis mon sac.

« Bonne journée mademoiselle », me lança jeanne depuis la cuisine alors que j'étais sur le seuil de la porte.

« Bonne journée Jeanne », lui répondis-je en attrapant mes clés de voiture.

Le moteur de ma Mini Austin ronronne lorsque je fais tourner les clés dans le contact. Je m'attache, dépose mon sac sur le siège côté passager, mets en route la radio. Je baisse le frein à main, passe la première vitesse et appuie sur la pédale pour avancer. Aujourd'hui, après le week-end terrible que j'ai passé sous mes draps à me tordre de douleur, je me sens en pleine forme et prête à attaquer ce lundi de cours.

Je suis étudiante en faculté de droits, et c'est ma deuxième année. L'année dernière, je vivais dans un bel appartement que mes parents m'avaient offert, tout près de mon école; mais l'éloignement du domicile familial m'avait trop bouleversée et j'étais revenue, au bout d'un an, chez eux.

Les voisins disaient que je souffrais du « syndrome de l'enfant unique »: en gros, selon eux, mes parents m'avaient tout cédé, trop couvée, et trop assistée. C'était donc la raison de mon impossibilité de vivre hors de chez moi, dans ma bulle, où tout m'était livré sur un plateau d'argent.

N'ayant jamais trop apprécié les Hostings, mes parents étaient passés outre de leurs remarque à mon égard et m'avaient offert cette voiture en cadeau de « re-bienvenue à la maison » afin que mes déplacements soient facilités. Elle était petite, noire, et très confortable. Ce n'était pas leur dernier modèle mais il me convenait parfaitement.

« On prévoit une journée ensoleillée mais fraîche en matinée, avec seulement 12ºC sur Sheffield puis 19ºC en milieu d'après-midi, ce qui est dans la norme pour les températures habituelles de cette saison », annonçait la radio.

Sheffield, c'est l'endroit où je vivais, une jolie ville du Nord de l'Angleterre. Il n'y faisait certes bon qu'à partir du mois de juin, et c'était un peu isolé du reste du pays, mais c'était un endroit développé dégorgeant de boutiques, de ruelles piétonnes et surtout d'emplois à offrir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle mes parents voulaient que j'y reste jusqu'à la fin de mes études, mais de mon côté, je rêvais secrètement de partir vivre à Paris.

Cette ville, ce charme, ce romantisme, tout m'attirait vers Paris. Je voulais y faire ma vie, y rencontrer l'homme qui serait le père de mes enfants, vivre paisiblement dans mon appartement au dernier étage dans le 5ème arrondissement, voir la Tour Eiffel chaque matin, et descendre au café de la place pour savourer des croissants chauds et un bon café.

Retour à la réalité. Je prends un virage à gauche, j'attends au feu rouge, puis je continue tout droit. Au moment où je dois tourner à droite, juste devant l'entrée du parking de mon université, je reçois un message de Lily -ma meilleure amie. Je baisse les yeux, laissant la route de côté, pour saisir mon téléphone portable. Il me fallut seulement deux secondes pour le reposer après y avoir lancé un regard rapide, mais quand mes yeux revinrent se concentrer sur ma conduite, je remarquai que j'allais louper mon virage.

Sans clignotant, je pris le tournant de manière hâtive, un Klaxon retentit derrière moi, je tournai alors la tête pour fixer le conducteur mécontent quand je sentis une secousse provenant de l'avant de ma voiture. Immédiatement, j'appuyai sur la pédale de frein le plus brusquement possible et l'engin se stoppa net, faisant tomber mon sac et mon téléphone du siège où ils étaient posés.

Frein à main enclenché, je sortis précipitamment de ma petite Mini pour analyser l'ampleur des dégâts... mais aucune trace d'impact n'apparaissait sur ma carrosserie. En fait, je n'avais même pas touché d'obstacle... mais un passant.

« Tu peux pas faire un peu attention?! » hurla un jeune homme, se touchant la cuisse.

Quelque part avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant