Prélude: "Et si... tu réussissais à entrer en tant que garçon?"

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Lorsque le téléphone sonna, Marion sursauta. Sa chaise trembla en même temps qu'elle. Elle lance un regard inquiet à sa soeur qui se tenait dans l'embrasure de la porte de la cuisine. Celle-ci paraissait figée et pour cause! Cet appel pourrait définir le reste de sa vie.

« Tu... tu décroches pas? » demanda Marion après deux sonneries.

Sa soeur hocha la tête mais ses jambes ne bougèrent pas en direction du téléphone portable posé sur la table de bois. Une voix se fit entendre dans la pièce d'à côté:

« Y'a le téléphone qui sonne! Quelqu'un peut décrocher? J'suis en train de bosser là! »

Marion soupira. Puis elle se leva et tapa du plat de la main sur la table.

« Bon ma chérie », dit-elle à sa soeur, « tu vas le décrocher ce téléphone oui ou merde? ».

Mais encore une fois, sa soeur ne put bouger. La voix dans la pièce d'à côté se fit de nouveau entendre: « Eh les filles! ».

Marion s'empara du téléphone, qui venait d'exécuter sa quatrième sonnerie. Elle souffla un grand coup et planta ses yeux dans ceux de sa soeur.

« L'heure de vérité a sonné » murmura-t-elle en lui adressant un pauvre sourire. « Allo? Oui c'est bien mademoiselle Lebanc au téléphone.».

Puis un silence de mort se fit entendre. Marion perdit le peu de joie qu'elle avait réussi à exprimer sur son visage. Une main d'homme se posa sur l'épaule de sa petite soeur. Cette dernière se retourna, regardant son beau-frère avec de petits yeux.

« Alors qu'est-ce qu'ils disent à l'autre bout du fil? » lui demanda-t-il.

Son interlocutrice haussa les épaules, n'osant pas regarder à nouveau Marion qui était étrangement silencieuse au téléphone. Puis le téléphone atterrit sur la table en une fraction de seconde. Marion se tourna vers sa soeur:

« Charline... je... je suis désolée... »

La dite Charline ferma les yeux et baissa la tête. Son beau-frère qui était toujours derrière elle posa cette fois-ci sa main sur sa tête, frictionnant doucement les cheveux de Charline. Il lance un regard à Marion qui semblait presque sur le point de pleurer.

« Ouvre les yeux Charline » dit le beau-frère après avoir retiré sa main.

Sa belle-soeur peina à ouvrir ses paupières, dévoilant ses yeux bleus océan plein de larmes.

« Je suis tellement désolée Ismaël » souffla-t-elle.

Son beau-frère secoua la tête.

« Tu as fait de ton mieux. C'est l'essentiel. »

« Mais c'est tes économies qui sont parties dans ce stupide concours... »

Ismaël soupira.

« Peu importe. Marion et moi avons investi dans une cause juste, nous savions qu'il serait difficile pour toi de réussir. »

« C'est juste. » ajouta Marion en se rapprochant de sa soeur. « Ne t'en fais pas pour nous. Ni pour toi. »

Charline laissa échapper une larme qui roula doucement sur sa joue.

« Mais... maman... »

« Peu importe maman! » s'exclama Marion. « Ce n'est pas ce concours qui va donner un sens à ta vie ou la mienne, ou même la sienne. Nous allons quand même célébrer ça! Il est hors de question de vivre cela comme un échec! »

Elle quitta la pièce par l'autre porte en trottinant presque, sous les yeux ébahis d'Ismaël et de Charline.

« Je l'ai déçue Ismaël » dit cette dernière après un petit moment de silence.
Ismaël secoua la tête.

« Je le sais » continua Charline. « Deux fois que je le loupe ce stupide concours... »

Ismaël la coupa.

« Charline, y'a peut-être un moyen que tu réussisses quand même cette année ».

La jeune-fille le regarda et leva les yeux au ciel. Son beau-frère avait toujours eu du mal à accepter la fatalité des choses, et beaucoup de fantaisies lui venaient en tête lorsqu'il s'agissait de contrer ce que l'on pourrait appeler le destin.

« Je suis très sérieux Charline » poursuivit Ismaël.

Charline eut un petit rire. De la déception elle passait au dépit et au désespoir de voir son beau-frère s'accrocher désespérément pour elle à une cause qui lui semblait pourtant perdue.

« Dis toujours... » dit-elle en s'appuyant contre le mur, mains dans les poches et prête à lui dire que son idée était de la merde.

« Il va falloir la jouer intelligemment » poursuivit Ismaël.

« Hm-hm »

« Tu sais que je bosse là-bas? »

Charline soupira. Bien évidement qu'elle le savait. Toute leur famille le savait, tout l'immeuble le savait, tout le quartier le savait!

Ismaël posa ses mains sur les épaules de sa belle-soeur, ce qui la fit sursauter. Il avait ce petit regard que Charline ne connaissait que trop bien: celui qui signifiait une idée folle et qui plus est des ennuis certains.

« C'est quoi ton idée? » le questionna Charline en soupirant une énième fois.

« Et si... tu réussissais à entrer en tant que garçon? »

Charline eut un moment d'arrêt puis explosa de rire. Ismaël fronça les sourcils.

« Je suis très sérieux » s'indigna-t-il.

Charline, voyant l'air sérieux de son interlocuteur finit par s'arrêter de rire pour le fixer étrangement.

« Écoutes... » commença-t-il. « En faisant des inscriptions de garçons la semaine dernière j'ai vu quelque chose d'intéressant qui pourrait nous aider... ».

Au fur et à mesure de son explication, concise mais complexe, Ismaël paraissait de plus en plus déterminé. Charline, silencieuse, avait croisé ses bras et écoutait avec un intérêt certain. Elle se surprit même à hocher la tête.

« Et qui plus est » continuait Ismaël, « cela t'ouvrira des portes et... »

Charline le coupa.

« Je marche. »

Ismaël s'arrêta brusquement.

« Sérieusement? »

« Ouais » dit sa belle-soeur après un hochement de tête. « J'irai à l'Université des Roses, peu importe ce qu'il faut que je fasse. »

Elle s'écarta du mur et fixa l'extérieur de l'appartement par la fenêtre de la cuisine, où un grand soleil venait d'émerger. Charline s'était résignée et sa détermination avait refait surface. Plus que jamais.

« Même si ça implique que je dois me faire passer pour un garçon. »




(Commentaire de chapitre: vous pourrez remarquer que j'utilise des images libres de droit pour colorer mes chapitres. Je tente de ne pas avoir de problème concernant le droit à l'image... Ce chapitre est un one shoot, je n'ai absolument pas fait de relecture; il se peut donc que je modifie certaines choses insignifiantes plus tard comme des fautes d'orthographe... Pour ce qui est de la suite j'essaierai de la publier plus rapidement possible. N'hésitez pas à commenter ce que j'ai écrit: cela ne peut que m'aider dans l'écriture; bonne journée!)

Schola Rosarum - Tome 1: Charline devint garçonWhere stories live. Discover now