– Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ?
– C'est simple, pourtant ! Prends l'temps de réfléchir.
"Qu'est-ce que tu veux faire, plus tard ?" Cette question qui te retourne l'estomac, posée par cette tête brune qui te fait tout autant tourner la cervelle.
– Si je t'écoute et que j'me mets à réfléchir, j'vais sauter d'un pont. J'te l'dis.
Elle te mis un coup d'épaule dans un éclat de rire.
– Arrête tes conneries ! Sérieusement...Viens, on parle d'avenir ?
Tu écarquilles les yeux à l'entente de ce mot.
– Je...
Pris au dépourvu, tu tentes de sortir une phrase cohérente.
– Tu m'parles d'un truc qu'j'ai oublié depuis une décennie, chérie.
Elle lâche un soupire lasse.
– Qu'est-ce qu'il y a ?
Ses yeux voguent dans le vide, sans but précis.
– J'ai la haine, gros.
Tu restes silencieux, interloqué par ses dires.
– J'ai la haine parce que j'sais que c'est faux. Et si tu m'confirmes le contraire, c'est qu'on t'a conditionné à l'oublier. Tu l'aurais jamais fait d'ton plein gré.
– Me conditionner à dire, faire ou penser quelque chose ? Mais t'as cru que j'étais ton Guillaume-le-chieur-nanti-d'mes-deux qui s'prend pour Dieu ?
Elle manque de s'étrangler en se retenant de rire de nouveau.
– Reviens pas sur l'passé, s'il te plaît ! C'était une erreur de parcours, ce mec.
– Pourtant tu l'as bien pécho...
– Oh la ferme.
Tu esquisses un sourire puis reprends ton sérieux.
– Eh, Riri, personne peut avoir je n'sais quel pouvoir sur moi. J'suis loin d'être un mouton qui s'fond dans la masse.
Elle te fixe puis poursuit.
– T'es pas un mouton. Mais t'es pas aussi loin d'ça que tu l'crois. Parce que j'te parle d'un truc qu'on t'a empêché d'envisager.
Tu tournes la tête vers ces deux billes vertes te regardant intensément.
– Qu'est-ce que tu racontes ?
– La vérité. On t'a bridé dans tes projets. On t'a forcé à t'rabaisser face aux gens qui soit-disant méritent tout l'or du monde parce que, toi, tu viens d'la tess.
– Ah ouais ? Et c'est qui, "on" ?
– C'est c'monde de cons.
Tu fais l'indifférent mais les paroles de ton amie te prennent aux tripes.
– C'monde qui t'a classé dans la catégorie "défavorisé". Qui t'a laissé tomber parce que, pour eux, t'en valais pas la peine. C'monde qui a brisé tes rêves et qui en est fier. C'monde dirigé par ces gens qui vivent qu'entre eux, entre aisés. Qui s'branlent de la réalité. C'monde rempli d'détraqués.
Tu baisses la tête, acquiesçant ses phrases franches, mais vraies.
– Et même si c'est plus que censé c'que tu m'dis là, qui en a quelque chose à foutre de moi ? Qu'est-ce que ça change, au final ?
– Ça change tout. Tu gagnerais plus d'assurance, de confiance et tu oserais. Tu oserais te lancer dans du concret. Pour ton futur, So. Pour simplement avoir la chance de vivre -sur cette planète de connards qui donne même pas envie de t'lever le matin, j'suis d'accord. Mais tu as tellement à faire ici. J'te jure.
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Viens, on parle d'avenir
Povídky- Qu'est-ce que tu racontes ? - La vérité. On t'a bridé dans tes projets. On t'a forcé à t'rabaisser face aux gens qui soit-disant méritent tout l'or du monde parce que, toi, tu viens d'la tess.