À des innocents

Je me souviens encore du moment où j'étais assise devant l'agent de police, je savais que sur le mur à ma droite se trouvait une vitre comme on en voit dans les films et que de l'autre côté se trouvaient d'autres personnes qui écoutaient chacune de mes paroles et m'observaient. Je sais que je ne suis pas la plus intelligente mais même le plus simple d'esprit se serait rendu compte que l'officier ne me croyait pas, il avait cette lueur dans ses yeux qui ne trompent pas. Je me sentais comme lorsque l'on s'apprête à s'évanouir, je savais que peu importe ce que je dirais j'étais déjà condamnée. 

Je revois encore ma petite fille avec son air perdu, elle ne comprenait pas pourquoi sa maman se retrouvait là, elle qui avait toujours été si gentille. Mon père et ma mère connaissaient la situation mais ils me connaissaient également et savaient que je n'étais pas capable d'un tel acte. Je sais que ça pouvait paraître étrange de me retrouver les mains pleines de sang au volant de ma voiture mais qui sait qu'elle est la bonne réaction à avoir lorsqu'un accident comme celui-ci arrive ? 

Nous étions un mercredi et il était 18h00 quand je suis arrivée sur les lieux, comme à mon habitude je frappe à la porte de mon ancien compagnon pour venir récupérer ma fille, comme à son habitude à lui il prend tout son temps pour m'ouvrir. Mais cette fois-ci c'était étrange, je n'entendais aucun bruit, pas même la télé. Je me décidai à ouvrir la porte peut-être serait-elle ouverte, lorsque nous étions ensemble il ne fermait que quand il partait ou quand il dormait. Bingo elle est ouverte, je pousse la porte lentement et prononce son prénom, aucune réponse, de plus en plus étrange. C'est alors que mon petit ange arrive pour m'accueillir mais ses mains étaient recouvertes de peinture rouge, je lui demande alors comment a-t-elle pu se retrouver dans cet état et elle me répondit que c'est parce que papa s'est endormis par terre, je prends alors ses mains dans les miennes et me rend compte que ce n'est pas de la peinture, mais du sang. 

Je me précipite alors dans le reste de sa petite maison et je retrouve son corps étendu dans le salon. Je me sens prise de nausées et plaque ma main sur ma bouche, sans contrôler quoi que ce soit, des larmes s'échappent de mes yeux. Ma petite fille arrive près de moi, elle me regarde et me demande « Maman pourquoi papa se réveille pas ? Il me répond quand je le réveille le matin », je ne lui réponds pas. Qu'est-on censé dire à notre enfant qui a les mains recouvertes du sang de son papa. Je ne savais pas quoi me dire à moi-même alors encore moins à une enfant de 6 ans. Alors la seule réaction que j'ai réussie à avoir c'est d'attraper la main de ma petite fille et de partir le plus loin possible d'ici, je pensais d'abord rentrer et ensuite appeler la police pour les prévenir mais j'avais besoin avant tout de m'éloigner de cette horreur. Je mis la petite dans son siège à l'arrière de la voiture, l'attachai et m'installai à la place du conducteur. J'allumai le moteur, les mains toujours recouvertes de sang et les yeux remplis de larmes, j'entendis alors une voiture de police mais comme si je me sentais coupable je me mis immédiatement en route pour fuir cette situation encore inexplicable.

La voiture de l'agent s'arrêta devant la mienne et il me fit comprendre de descendre de ma voiture, une fois dehors il me dit de mettre mes mains en l'air, encore bouleversés et sous le choc mes gestes sont lents et je ne comprends rien à ma situation. Le policier arrive alors derrière moi et me force à mettre mes mains dans le dos. Je sentais le métal froid autour de mes poignets, l'agent crie alors à ses collègues que j'ai les mains recouvertes de sang et qu'il y a une petite fille à l'arrière. Ils étaient quatre au total et ce fut la seule femme qu'il y avait parmi eux qui prirent en charge mon enfant. Et voilà comment j'en suis arrivée à me retrouver dans un poste de police accusée du meurtre de mon ex pour le motif selon eux, que je souhaite la garde exclusive de la petite. J'ai pu parler seul à seul avec mes parents qui étaient venue récupérer ma fille, je leur explique tout ce qui s'est réellement passé.