Portrait urbain

6 1 2
                                    

Dans une tour de glace, au centre de la ville,
Entourée par les friches et les vieilles usines,
La danse s'élançait, lumière sybilline,
Illuminant les coeurs, repoussant les hostiles.

Les bijoux et étoffes, simples soleils de givre,
Carressaient hardiement la paleur de mon front,
Et jetaient leurs reflets sur ceux qui voulaient vivre
Les entraînant plus loin dans l'oeil du typhon.

Un quator de violons, accompagnés d'une flûte
Menait d'une main de fer le pas des jeunes couples
Tandis qu'un acrobate, brise somptueuse et souple,
Me perdit dans la valse, aveuglé de volutes.

Rattrapé par l'orchestre des mets et odeurs suaves,
Du miel, des baies, du lait, délices orientaux,
Je pris alors conscience de mon état d'esclave,
Ne pouvant résister à aucun de ces mots.

L'encens et la musiques se changeaient en des liens,
Les soies et les fourrures se mutaient en des cages,
Les diamants et miroirs renvoyaient une image,
Celle d'un homme, du monde qui n'était plus le mien.

La joie qui m'imprégnait, comme d'un vase brisé
S'écoulait lentement en délaissant mon âme,
Et métamorphosait les sourires en des lames
Qui attaquaient mes sens ivres et lacérés.

Les groupes de danseurs, armée froide et tenace
M'encerclaient de leurs bras, tournoyant sur le marbre,
J'étais la lune que les ténèbres embrassent,
Prisonnier indolent menacé par des sabres.

Quand je suis parvenu à fuir de cet empire
Hanté par le brouillard de la folie humaine,
Je decouvris un monde où le rôle et le rire
N'étaient plus que vestiges de souffrance et de peine.

Par la porte entrouverte, la poussière et le noir
S'immisçaient peu à peu, glissant dans les cheveux,
Les convives endormis ne pouvant percevoir
Que l'homme était parti, s'abandonnant aux cieux.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 12, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Poèmes du petit jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant