Nocturne III

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2h20

Je repense à aujourd'hui, à l'enterrement. Tout le monde pleurait, même mon grand frère que je pensais pourtant inébranlable. On c'est regardé, on a rien dit, il n'y avait rien à dire. Pleurer a toujours été tabou dans ma famille, on ne pleure pas, on sourit, il fallait toujours sourire. Aujourd'hui nous avons échoué à la tradition familiale. Lui, moi, mes cousins n'étions plus que sanglots et bruits de gorge.

J'ai passé la messe à esquiver la photo sur le cercueil, je ne pouvais pas regarder cette photo de lui tout sourire. Il était là, ces yeux bruns pétillaient comme à l'accoutumé, il portait une belle chemise. Son regard transperçait la photo et s'accrochait au votre, on aurait presque dit qu'il était encore en vie...Mais le cercueil en bois nous ramène vite à la réalité. Il était là, couché, ses yeux clos, ses lèvres l'une contre l'autre, il ne sourira plus. J'ai senti ma gorge se serrée.

C'était donc vrai, il était mort. Il m'a fallu la journée pour réaliser. Ils ont bruler son cercueil, son corps. Il n'est plus. Face à mon plafond j'y pense encore. C'était absurde. Il est partit si vite. Je me souviens de lui avant qu'il rentre à l'hôpital, c'était il y a peine un mois. J'ai l'impression que dix ans se sont écoulé. Ça n'a pas pu arriver aussi vite. J'entends encore le son de sa voix, il me semble tellement prêt. Pourtant, il est mort et plus je l'écris plus je le réalise. J'ai mal, l'impression que la réalité m'a frappé en plein visage.

Je prends mon téléphone, il est 3h41, j'ouvre mes contactes. Je fais défiler la liste, son nom apparaît, j'appuie. J'hésite. Je devrai le supprimer, mais je ne peux pas. J'ai l'impression que le supprimer de cette liste, c'est le tuer définitivement.

Je ne peux m'y résoudre, il n'est pas mort, ce n'est pas possible...

NocturnesWhere stories live. Discover now