chapitre 22 - Adrien

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Bip bip bip bip bip
Je me réveille. Bip. bip. tit tit tit tit. Je suis à l'hôpital. La machine qui compte mon rythme cardiaque s'emballe soudain. Tititit.

- Docteur! Crie une infirmière en accourrant. Il se réveille ! Venez vite!

Une infirmière brune entre dans la chambre, suivie d'une rousse. Un monsieur noir, grand, cheveux gris, apparait dans l'encadrement de la porte.

Mon pouls se stabilise enfin et les infirmières se retirent à la demande du doc.

- Alors toi aussi. Tu es allé de l'autre côté.

- Oui, je réponds, inquiet.

Me prendrait-il pour un fou? Je veux pas finir ma vie ici moi...

- Tu t'es fait littéralement vomir par l'outside. Continue-il.

Je le regarde fixement, j'essaie de comprendre sa réelle intention. Pourquoi il dit ça et comment il l'a su?

- Qui êtes vous ?

- Je suis le docteur Dolin.

- Ça ne m'aide pas à comprendre de quoi vous me parlez, je fais en feignant de ne pas comprendre.

Un sourire narquois se dessine sur son visage.

- Tu es bien comme ton père, toi. Lui et moi nous étions amis jadis. Depuis on a eu quelques différents. Il n'a jamais cru à l'existence de l'autre côté, malgré le fait qu'il a, comme moi, vécu là-bas ses plus belles années.

- Ok... je comprends mieux... Aidez moi à retourner là bas.

- Sûrement pas. Tu ne peux pas tenter de nouveau de traverser l'outside. Tu te tuerais.

- Je dois y aller. J'aime Léa et il est hors de question que je la perde encore une fois.

- C'est totalement inconscient ! Tu pourrais y rester! Tes échecs répétitifs ne font que t'affaiblir un peu plus chaque fois. Tu dois attendre.

- Attendre quoi ? ! Que la vie s'écoule, comme si tout allait bien ? Non. Je refuse de rester là. Et d'ailleurs je veux voir mon père. Mais avant il faut que vous lui parliez.

Le médecin demeure silencieux quelques instants et finit par sortir de la chambre.

Je n'entends plus parler de lui jusqu'à la fin de la journée.

Je pense à ce chat, sur le toit. Où est-il maintenant ? J'aimerais le retrouver, lui parler. Même s'il ne répond pas, je sais qu'il me comprend, cette connexion avec lui...

À mesure que la luminosité baisse dans la chambre, mes yeux se ferment et je m'endors. Je tombe dans un profond sommeil qui, paradoxalement, se révèle être particulièrement agité. J'y vois ma mère, ma copine, mon chat, mon père. J'y vois mes amis, mes camarades, mes professeurs et tous les gens que j'ai pu apprécier dans ma vie de jeune homme .

Je me réveille en sursaut.

- Papa est là. Mon fils... Tu as tellement changé. Tu es tellement plus... grand, enfin, mâture.

Je l'observe silencieusement. Lui, a pris quelques rides, il est bien plus blanc que dans mes souvenirs et ses cheveux blancs lui donnent un air de vieux...

Sans doute qu... que... il est vieux maintenant.

Le chat me saute brusquement dessus, provoquant un sursaut collectif chez mon père et moi.

Il vient finalement se lover contre ma joue, et bien que les animaux soient interdits à l'hôpital, tous comprennent à quel point cet être est important pour moi.

Adrien...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant