Mirror mirror, let me be skinny

♢Chapitre 2♢

« Son corps avait atteint ce degré de maigreur au-delà duquel on entrevoit plus que la mort. Je rusais avec son obsession d'anorexique pour la voir manger un croissant ou croquer la moitié d'un bonbon »

_________________________________Jacksonville, 9:30 am.

_________________________________Side of Kimi-lee'

J'étais tranquillement assise au bar en train de prendre mon petit déjeuner avec mon père. Alors que des croissants, des tartines, de la confiture, du nutella, des céréales et des pancakes s'offraient à moi, mon choix s'était porté sur un malheureux petit yaourt avec un verre de jus d'orange.

_- Fais moi plaisir, prends un croissant ou même juste la moitié, mais mange autre chose, m'expliqua mon père.

_- J'aime déjà pas manger le matin, je fais un effort monstre là, je prends sur moi. Donc non merci, je n'en veux pas.

_- Avec le peu que tu manges le soir, tu dois quand même avoir ton ventre qui gargouille et réclame. C'est pas possible.

_- Faut croire que non!

_- T'es vraiment étrange ma parole.

_- Oui, on me répète souvent que je ressemble à mon père, ris-je.

_- Quel beau compliment dis donc. Tu dois en être tellement fière.

_- Bien sûr, je m'en vante même, tu savais pas ?

_- Sale jeune.

Mon père reporta son attention sur son journal et je finissais de manger mon yaourt. J'avais une réelle complicité avec lui, parfois, on nous prenait même pour deux adolescents. La seule personne avec qui j'arrivais à me confier sans être gêner, c'était lui. Je n'avais aucune retenu pour lui faire des bisous, le prendre dans mes bras ou bien m'asseoir sur lui. C'était une chose qui me paraissait naturel. Il essayait de me comprendre, de m'aider et inconsciemment, c'était le seul instant où j'arrivais à remballer mon père. Comme une barrière qui m'empêchait de me confier, de parler ouvertement du sujet. Pourtant, je voyais qu'il ne perdait pas confiance et qu'il retenterait sa chance.

_- Je vais aller me préparer, j'en ai pas pour longtemps. Quand j'ai fini, tu montes, c'est le moment de ta pesée.

_- Je l'avais complètement oublié celle là.

_- T'es bien la seule.

Je ne pris pas la peine de répondre. Il avait raison. Je cherchais toujours une excuse pour ne pas la faire. Pour tout dire, ça m'énervait qu'on m'oblige à me peser devant quelqu'un. J'avais horreur de ça. Le poids était quelque chose de personnel à mes yeux. Le bruit de l'eau qui coule me parvint aux oreilles signalant que mon père était à présent sous la douche. Je ne perdis pas une seconde, pris un verre, le remplis d'eau et bus. Je bus jusqu'à avoir mon estomac plein, jusqu'à ce que je me sente ballonnée.

_- Tu te sens fière de faire ça ? m'interpella mon frère.

Je fis un bond et me retournai immédiatement.

_- Euh..c'est pas c'q-

_- Ce n'est pas ce que je crois ? Oh mais je crois quoi d'après toi ?

A cet instant, j'avais honte. Honte de m'être faite prendre en plein flagrant délit par mon frère.

_- Dylan..

_- Non, il n'y a pas de Dylan qui tienne. Tu cherches quoi au juste ? dis moi, ça t'apporte quoi de faire ça hein. Dis le moi parce que je suis curieux de savoir. Fausser le résultat de ton poids en te remplissant t'apporte quoi, dit-il en haussant le ton. Toi même tu nous dis constamment que tu n'es pas malade, tu nous demandes de te croire, tu t'énerves carrément contre nous pour ça. Comment tu veux que je te crois après avoir vu ce que tu viens de faire ?