L'Ange et ses démons. Tome 1

Chapitre 2 : "J'ai besoin de respirer"

Les cours se terminent. Je fais un rapide signe de la main à Allie et Zack avant de sortir du bâtiment et de me diriger vers le centre-ville. Je dois marcher pendant une vingtaine de minutes et cela me fera le plus grand bien. J'ai besoin de digérer cette première journée.

Il faut dire que tout s'est plutôt bien passé : j'ai rencontré des gens, les cours sont très intéressants, le personnel de l'université est très accueillant. Rien de négatif pour l'instant.

J'inspire profondément et expire. Le pire est derrière moi. Enfin, une toute petite partie du moins.

Allie est une personne très curieuse, tellement que cela en devient envahissant. J'ai eu l'impression d'être à un entretien d'embauche. J'ai dû lui faire un résumé de ma vie, j'ai esquivé quelques éléments, mais je pense l'avoir convaincue. Elle m'a dit être quelqu'un de très méfiant, et après cette journée, je ne peux que la croire.

J'ai été très gênée de devoir m'exposer comme cela aux yeux de ces deux personnes que je ne connais presque pas, voire pas du tout, mais elles ne m'ont jamais jugée, bien au contraire, elles ont été très compréhensives et je ne peux que les remercier. Puis, si j'ai répondu à toutes ces questions, c'est que je le voulais.

Je n'ai pas honte de ce que je vis, parce que c'est ma vie, justement. Mais... c'est toujours compliqué d'expliquer à quelqu'un tout ce qui s'y passe. Ma vie est un cercle vicieux que peu de gens peuvent comprendre. Je me bats pour deux et je continuerai à le faire jusqu'à la fin de mes jours s'il le faut.

J'arrive enfin devant la petite boulangerie. La façade est assez originale et se démarque des différentes boutiques qui l'entourent. Un gros donut marron au glaçage bien rose est accroché au-dessus de l'entrée, nous souhaitant la bienvenue dans la petite boutique. Les murs blancs sont très propres et très... blancs. Plusieurs gâteaux et pâtisseries sont exposés dans la vitrine et j'en ai l'eau à la bouche. Ils ont l'air excellents.

J'aperçois à travers la vitre, une dame d'une trentaine d'années derrière la caisse. Elle a un sourire scotché sur le visage et parle avec une cliente. Ses cheveux sont attachés en un chignon strict et un tablier rose pale, un peu sale, protège ses vêtements.

Elle tourne rapidement son regard vers moi et je lui souris. Elle me fait signe d'entrer et je m'empresse de la rejoindre. Je salue poliment la cliente et la dame. Je me présente rapidement, elle m'ouvre une petite porte, me fait passer derrière la caisse et me demande d'aller l'attendre dans la cuisine. Je m'exécute. Un joli tablier rose est accroché à un portant collé au mur. Au-dessus de celui-ci, se trouve mon prénom écrit en lettres manuscrites et au feutre rose. Je souris, trouvant cela adorable, et me débarrasse de ma veste pour enfiler mon habit de travail.

La dame au chignon me rejoint rapidement avec un grand sourire.

— Salut Angel ! Excuse-moi, madame Debeaupuis avait beaucoup de choses à me raconter, rit-elle. Je suis toute à toi maintenant.

Elle se frotte les mains l'une contre l'autre. Je lui souris. Je n'étais pas stressée en venant jusqu'ici, et j'avais raison de ne pas l'être. Cette femme a l'air vraiment gentille.

— Je m'appelle Fernanda et c'est ma boulangerie. Je fais tout pour que cet endroit reste impeccable. Nous vendons de la nourriture, donc c'est capital de nettoyer la boulangerie de fond en comble tous les jours.

J'acquiesce tout ce qu'elle me dit, trouvant cela tout à fait normal. Elle entame une série de questions très simples pour me connaître un peu plus. J'y réponds sans me plaindre, même si je trouve que certaines de ses questions sont indiscrètes, je me tais. Il me faut absolument cet emploi.