Mémoire d'un psychopathe.

Chapitre 4

Vendredi29 aout 2003. 18h17. Clairbois. Nord.

J'ai terminé ma journée. Je rentre à la maison. C'est étrange de dire ça : Je rentre à la maison.

J'ai beau vivre un rêve depuis presque 6 mois, je n'arrive pas encore à croire que ce qui se passe est vrai. Je sors du travail, je reprend ma voiture et rentre "Chez moi".

Nina doit m'attendre, elle termine ses journées à 17h. J'ai hâte de lavoir. A mon avis, on fera comme la dernière fois, je vais rentrer, elle m'aurai préparé à souper, quelque chose de simple ; une petite purée, un steack et une salade légère. Puis on discutera, on parlera sur le canapé tout en faisant semblant de regarder les programmes merdiques de la télé et on s'écroulera sur le lit au bout de quelques minutes pour faire l'amour...

J'allume l'auto-radio.

"-Du nouveau dans l'enquête sur le Tueur de Manninghem, la police aurait pu enfin déterminer le profil ADN du tueur. Les enquêteurs.... "

Tiens voilà que l'on reparle de moi, ca faisait longtemps ! Ils ont réussi à trouver de mon ADN ? Mais comment ils ont fait bordel ? J'ai rien laissé trainer...

Bon. Pas de panique ! Je n'ai rien à craindre, je suis loin de ça, je suis discret et surtout plus rien ne me rapproche de mon ancien signalement. J'ai revu au détour d'un journal de faits divers, mon portrait-robot de l'époque et franchement je n'ai plus à m'inquiéter. Plus aucun rapport !

J'éteins la radio, je veux avoir l'esprit tranquille et ne plus penser à tout ça... c'est loin... c'est vieux, et surtout repenser à tout ça me rend nerveux... J'ai peur que le stress m'envahit et foute la merde chez moi... me concentrer sur la route, sur ma vie actuelle... penser très fort à Nina... penser très fort à Nina... voilà ! Ca va mieux !

J'arrive à la maison. Nina n'est pas encore rentrée. Etonnant. D'habitude son Scénic stationne sur le gravier de l'allée mais là, rien. Elle a du retard. Je vais tenter de l'appeler.... Répondeur. Pas grave, je vais l'attendre tranquillement dans le jardin, elle ne devrais plus tarder.

20h30.Il est tard et elle n'est toujours pas là... je m'inquiète. Ce n'est pas dans ses habitudes de me laisser sans nouvelles. Je retente. Répondeur à nouveau. Je quitte le jardin et m'installe dans le canapé puis j'allume la télé. Fin du journal de TF1, je jette un œil à mon téléphone, espérant qu'il se mette à sonner, affichant son nom, ce serait vraiment rassurant.

23h17.Je me suis assoupi. La lumière est toujours éteinte. Dans l'entrée, pas de trace de son petit gilet bleu, je me frotte les yeux et me lève en direction du porche. J'ouvre la porte, l'allée est toujours vide. Elle n'est pas rentrée. Je reprends mon téléphone et la rappelle pour la cinquième fois... Répondeur. Je laisse un message.

-Nina? S'il te plait rappelle moi, je ne sais pas où tu es, je m'inquiète... j'espère que tu vas bien.

Elle n'a pas de famille, et ses amis se comptent sur les doigts d'une seule main. Ils se résument à son associée et employés de sa société. J'ai tenté de la joindre directement là-bas mais le téléphone sonne dans le vide, putain j'ai été con, j'aurais du y penser et appeler avant !

J'attends toujours, blotti dans les coussins du canapé, je fixe ce putain de téléphone sans le lâcher des yeux, espérant que juste par le pouvoir de ma volonté, il se mette à sonner, mais il reste figé sur ce fichu écran, noir comme la nuit qui est tombée.

Le jour s'est levé. Par automatisme je tourne la tête et regarde vers l'entrée. Toujours pas de trace d'elle. Qu'est elle devenue ?Qu'est ce qui est arrivé ? Je n'ose même plus l'appeler. Je n'ai pas envie de retomber sur la voix robotisée de son répondeur.