Le Crabe

Comment vivre avec?

Je regardes mon grand frère. Il accuse le coup comme il peut. Abasourdie, les larmes coincées au fond de ma gorge, je lui affirme au bord du désespoir:

- Ne t'inquiètes pas ! On va se battre !
- Oui, me murmure-t'il mélancolique

"Nous" Comme si le Crabe était dans mon corps. C'est mon frère le malade tout ce que je peux pour lui c'est le soutenir comme lui l'a fait à la mort de nos parents. Une douleur terrible serre mon coeur : et si lui aussi m'abandonnait.

Arrêtes Kaoru, il ne s'agit pas de toi là!!

Je tourne ma tête vers lui et je reste interdite devant son visage devenu inexpressif. Lui qui respirait la joie de vivre et la confiance en soi, il n'est plus que l'ombre de lui-même.

- Combien de temps me reste-t'il à vivre ? Sort-il au bout de quelques minutes de silence.
- Quelques semaines, quelques mois...nul ne peut le dire. Tout dépend de comment vous allez réagir au traitement........lui répond le médecin.

Puis le reste de la discussion est resté inaudible, je vois mon frère s'effondrer sous cet amas d'informations. Kaito va mourir c'est tout ce que nous retenons. D'un coup, je pense à mon pauvre Yuko qui a déjà perdu sa mère il y a 2 ans. Quelle dure épreuve pour un enfant de 10 ans!

Lorsque nous sortons de l'hôpital, Kaito s'arrête d'un coup et se tourne vers moi les yeux dans les yeux .

- Kaoru...Tu ne dis rien à Yuko! Promets le moi!
- Pourquoi ? Il a le droit de savoir !
- Je veux le préparer à ma manière et je veux tout mettre en ordre avant pour vous deux.
- Je suis une adulte ! Je peux gérer !
- Toujours aussi intrépide petite sœur, me dit-il en esquissant un faible sourire, promets-moi que tu ne vas pas que t'occuper de mon fils, que tu vas continuer vivre même après.

Les larmes commencent à couler sur mes joues: il pense à nous, à moi même dans un moment pareil . Il est résigné.

- Promis grand frère! Mais promets-moi de te battre !
- D'accord.

On se câline comme on ne l'avait pas fait depuis la mort de nos parents 10 ans auparavant. Je le sens pleurer de chagrin au creux de mon épaule. Doucement, je lui caresse le dos et le berce pour calmer le chagrin qui l'accable : 32 ans c'est trop jeune pour mourir! Cet homme, mon grand frère est brisé !