Histoires

Marianne

Y'a deux semaines, avant le dîner, j'ai reçu un appel. J'ai même pas pris la peine de sortir mon cell pis de regarder c'était qui qui m'appelait. J'ai pas pu répondre parce qu'on était dans le gros rush à la job. C't'un peu normal c'était le midi pis y'avait pleins de clients qui commandent toujours la même foutue affaire : des maudits club-sandwichs. Faque comme j'ai pas pu répondre bin y'ont laissé un message. Le resto s'est enfin vidé vers 14:00-14:30. J'ai passé un coup de balais vite-fait dans la cuisine pis je suis allé dehors pour prendre l'air. J'avais oublié l'appel. J'sors mon cell de mes poches, je l'essuie, je l'ouvre pis là je vois l'appel manqué. Je regarde le numéro, c'est ton oncle. Il passait la journée avec toi et il devait m'appeler s'il t'arrivait quelque chose. Mon cur se met directement à battre un peu plus vite. Je vois qu'il y a un message alors je tape en vitesse sur la messagerie et l'écoute : Sébastien? C'est Marianne... Je manque proche d'échapper mon téléphone. Je rentre en courant dans le resto, prend mes clés et ressort aussitôt. Je prends pas même pas le temps de dire aux autres que je pars, ils m'ont vu et ils ont compris. J'embarque dans mon char, sors du stationnement et démarre en trombe. Après quinze minutes, j'arrive ENFIN devant l'hôpital. Je me gare, je sors pis je marche rapidement vers les portes, non je cours. J'arrive devant le comptoir où la secrétaire semble assez occupée. Je demande une fille qui vient juste d'être amenée en ambulance du nom de Marianne. Elle me dit que tu n'es pas encore inscrite dans les dossiers et que je dois m'asseoir. Je me retiens de ne pas donner un coup de poing sur le comptoir. Je me retourne puis te vois. Tu es sur un lit d'hôpital, inconsciente, entourée de médecins suivi de ton oncle, qui te déplacent à toute vitesse vers ce que je crois avoir entendu la salle de réanimation. Attendez... Quoi?? J'essaie de les suivre mais un des trois médecins nous arrête et nous dit d'attendre ici. Le rideau se ferme à l'instant même où je me place devant la vitre et essaie de voir ce qu'il se passe. Je me tourne vers mon frère et le serre fort dans mes bras. D'habitude, j'aime pas trop les câlins mais là j'en avais vraiment besoin. Je me mets à pleurer car j'ai peur pour ma fille, pour toi... Les deux autres fois où c'est arrivé, tu t'étais seulement évanouie pendant quelques secondes puis quelques minutes et je t'avais amenée voir un médecin pour en trouver la cause. Je me souviens pu du nom mais c'était un problème au cerveau. Il m'avait dit que la prochaine fois que ça arriverait, tu aurais moins de chance. J'entends le brouhaha dans la petite salle puis d'un coup c'est le silence. Le même médecin qui m'avait dit de ne pas rentrer ouvre la porte lentement, trop lentement puis sort avec un air impassible. Ça veut dire quoi ça? Hein? Ça veut dire quoi?! Il lève la tête et quand nos regards se croisent, je ne mets pas longtemps à comprendre. Non, non, non! Non! Ça, c'est ce que j'ai dit dans ma tête. Physiquement, j'ouvre seulement la bouche ne sachant pas quoi dire. Je commence à voir embrouillé. Je sens une larme couler le long de ma joue, puis deux, puis trois. J'essaie de parler mais j'y arrive pas alors mon frère demande à ma place si on peut te voir. L'homme devant nous fait oui de la tête et se déplace sur le côté pour qu'on puisse passer. Les autres médecins sortent de la salle et je m'approche de toi. Je caresse doucement ta joue encore chaude comme si tu étais une poupée de porcelaine sur le point de se briser. Je prends ensuite ta main dans la mienne et te regarde, ton corps étant devenu complètement immobile. C'était fini... Bon sang! J'aurais jamais pu penser que ça arriverait aussi vite. T'avais seulement 18 ans. Tu étais d'une beauté rare, comme ta mère. Tu étais intelligente, toujours débordante d'énergie, souriante et surtout, tu étais aimée par moi, ton oncle, tes amies et tu le seras éternellement. Aujourd'hui, c'est tes funérailles et devant notre famille, je ne te dis pas adieu mais au revoir, car un jour, je viendrai te rejoindre. Marianne? Je t'aime.