☽ PROLOGUE ☾

98 12 52
                                    

Il slalomait entre les arbres aux feuilles rougeoyantes annonçant le début de l'automne. Les feuilles mortes se décollaient lentement de leur branche et virevoltaient jusqu'au sol, où la terre humidifiée de la dernière averse les accueillait tendrement en les imbibant de pluie. Sa cape dont la capuche posée sur son crâne lui cachait la moitié du visage, virevoltait au rythme du vent frais et humide des soirs d'arrière-saison.

Il marchait depuis des heures, des jours, des semaines, pour atteindre son but.
La forêt était dense et sombre, seulement, grâce à la lumière crépusculaire il savait exactement où aller. De sa démarche assurée, il parcourait les bois brumeux, en recherche de l'inconnue.

Il était bientôt arrivé. Ses pas se faisaient plus pressés et plus lourds. À chacun d'entre eux, il s'enfonçait un peu plus dans la boue. Le ciel entre chien et loup laissait petit à petit naître les étoiles qui nous faisaient part de leur lueur.

Le garçon arriva devant une grille blanche démesurément grande qu'il escalada avec une facilité et une aisance déconcertante, puis, il se laissa habilement retomber de l'autre côté.

Il poursuivit sa route infiniment. Néanmoins, il finit par entendre des voix s'élever devant lui, l'homme s'approcha, se dissimula contre l'écorce d'un arbre et scruta ce qui lui semblait être un groupe d'adolescents. Il les guetta minutieusement. Son attention s'appuya sur une jeune fille. Il l'avait reconnu, c'était elle. C'était sa proie.

La masse de jeunes gens se révélait êtres des élèves visitant leur nouvel établissement et ses jardins en compagnie de deux adultes. La nuit tombait à vue d'œil : le ciel noir s'étendait telle une tache d'encre sur du papier et les étudiants allaient bientôt retourner dans l'enceinte du bâtiment. Il fallait agir vite.
Comme il l'avait prédit, la masse d'élève commença à se diriger vers l'établissement.

L'inconnue, la fille, sa proie, se pencha lourdement vers le sol pour faire les lacets de ses chaussures. Les adultes et les étudiants ne semblèrent pas remarquer son absence et continuèrent de progresser vers l'école.

Elle ne semblait pas très agile et ses lacets se détachaient à chaque fois que celle-ci tentait de les nouer. L'adolescente soupirait et marmonnait des propos inintelligibles en se frappant la tête ce qui étira un sourire moqueur sur les lèvres de l'espion.

Celui-ci sentit un frottement le long de sa jambe, il déplaça son regard vers le sol et étudia une louve, sa louve. L'homme s'accroupit afin de caresser ses poils fins et soyeux puis lui gratta l'oreille avec affection. Il reporta son attention sur la jeune fille. Elle venait de s'attaquer péniblement à sa deuxième bottine - dont le lacet s'était entre-temps défait.

Il transmit discrètement des instructions à la bête qui s'avança aussi discrètement que gracieusement à la fin de son discours.
Le regard vif de l'adolescente repéra la louve à l'instant où cette dernière sortit de l'ombre des arbres.
Elle resta là, stoïque, mais le garçon perçu au fin fond de ses prunelles une pointe de frayeur.

L'animal courba sa patte, baissa sa tête afin d'exécuter une révérence. Jusque-là impassible, la fille ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux, abasourdit. La louve au pelage gris et marron redressa sa tête et la scruta de ses yeux noisette puis rebroussa chemin en direction de la forêt.

Avant de totalement disparaître dans les buissons, la jeune bête jeta une dernière œillade à l'adolescente. La jeune fille éberluée suivit la louve poussée par une irrésistible force qui l'attirait vers l'animal. Cette énergie faisait fonctionner et obligeait ses membres inférieurs à marcher sur les pas de la créature. Elles progressaient toutes deux vers la plage, vers la mer.

L'homme les suivait à une distance raisonnable pour ne pas être repéré. Il lâcha un petit rire nerveux voyant son plan se dérouler à merveille.

Une fois arrivé sur l'infime partie de sable restante à cause de la marée haute, l'animal s'assit et son regard se perdit dans la houle. L'adolescente qui la rejoignit inspecta à son tour les puissantes vagues qui s'abattaient sur la plage - et qui dès qu'elles se retiraient, aspiraient cailloux et coquillages dans les profondeurs de l'océan. Plus loin, les flots moins pressés reflétaient la pleine lune - qui, cette nuit-là, était plus imposante que les autres soirs.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Nov 20, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Au Delà Des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant