Chapitre Un

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C'est ennuyant. Être en cours, au lycée. Le pire c'est quand je dois répondre à des questions sur un cours que j'ai soi-disant étudié. Je fais semblant de lire le sujet puis je reste plantée sur ma chaise pendant deux heures avant de rendre copie blanche. C'est débile mais je le fais quand même. De toutes façons, ils ne m'auraient pas laissée sortir.

Chaque jour c'est la même histoire. Je me lève, je vais au lycée, je rentre chez moi. En fait, ça ne fait pas longtemps que je suis dans cette situation, seulement un mois. Mais je me suis habituée a ne rien montrer de mes émotions au reste des élèves. Alors je marche de manière nonchalante, comme si plus rien n'avait d'importance pour moi. La vérité c'est que j'en peux plus.

Tout allait bien au début de l'année. J'avais au moins une amie, de très bonnes notes, personne ne me détestait, enfin du moins c'est ce que je croyais. Jusqu'à jusqu'à ce qu'elle arrive dans ma classe. Cette fille aux cheveux très blonds, tellement blonds qu'on dirait qu'elle s'est versé un pot de peinture sur la tête. Son visage saupoudré de trois tonnes de maquillage et son corps devant lequel tous les garçons bavent lorsqu'elle marche dans les couloirs du lycée. Tout le monde l'envie, cette madame Parfaite mais elle cache un jeu cruel devant ses airs de jeune fille innocente. Même les profs.

Que m'a-t-elle fait? Rien au début jusqu'au jour où elle a commencé à lancer des rumeurs sur moi, des rumeurs tellement absurdes que même un enfant saurait que c'est faut. Mais tout le monde l'adore et avec son air d'innocente, tout le monde la croit.

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Comme à chaque fois que je passe dans les couloirs, des murmures s'élèvent et les regards se braquent sur moi. Je fixe le sol en essayant de ne pas pleurer. Faire semblant qu'ils ne sont pas là, les ignorer c'est la clé, m'avait dit une de mes soeurs. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire car ils font presque tout pour que je les remarque, que je les vois.

J'arrive à mon casier pour y prendre mes cahiers. Comme souvent, lorsque je l'ouvre, des tas de papiers tombent par terre avec des mots écrits dessus. Des mots qui font mal, des mots tels que "pute" ou "tricheuse". Comme souvent, je prends les papiers pour les jeter ensuite dans une poubelle. Et comme souvent, un garçon, parfois une fille, vient me voir pour me poser une question : "C'est vrai que tu couches avec tel prof pour avoir des bonnes notes ?". Puis comme souvent je ne réponds pas et pars sous les rires des autres élèves du lycée.

Chaque soir, alors que tout le monde dors dans la maison, je me roule en boule dans mon lit et je laisse les larmes tomber doucement et glisser sur mes joues. Elles finissent leur chemin sur mes draps, trempés, qui formeront des auréoles dorées le lendemain matin. Je serre mon oreiller contre ma poitrine et regarde par la fenêtre dont les volets sont ouverts et dont on peut voir les étoiles. Comme chaque soir, je pleure indéfiniment et je finis pas m'endormir de fatigue très tard dans la nuit.

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