Des étoiles vagabondes

Chapitre 3 : Les étoiles vagabondes s'éloignent.

C'est étrange.

Ça fait 6 mois que je n'ai pas vu Ken. Je continue à prendre notre bus avec l'espoir de l'y voir au fond assis du côté droit. Chaque jour, la boule de déception dans mon ventre commence à me fatiguer. La déception était grande mais au final, à quoi je m'attendais ? C'était véritablement un adieu. Alors je décide de ne pas prendre le bus. Je le vois passer devant moi et je rebrousse chemin. À quoi bon, ce bus n'était plus aussi paisible dorénavant. C'était plus un supplice qu'autre chose. Je regarde mon écran de téléphone et c'est lui, c'est nous. Comment suis-je devenue aussi accro ? Je ne me reconnais pas ; C'est pas moi ça.

Flashback

Je n'arrive pas à croire qu'il m'a vraiment suivi. Je le vois prendre une commande pour nous deux. Après une bataille devant la borne pour que je paie moi-même ma commande, j'ai finalement déposé les armes et nous ai trouvé une place vers le fond. Ken ne voulait pas trop être près des gens.

- C'est fait.

- Super

- Alors Elly, tu me parles de toi ?

- Je suis à Paris pour mes études en Comm', il me reste un an.

- C'est tout ?! Ça me dit rien sur toi ça.

- Oh wow j'avais oublié le dramaturge en toi.

- Voilà tu commences à me connaitre là.

Son rire est si doux à mes oreilles.

- D'accord, Ken. Allons dans le deep. J'suis fatiguée. Je cours après des rêves que je ne vois pas dans la réalité. Et la seule chose qui me fait tenir ces derniers temps, c'est ce trajet en bus. Y a juste mes pensées et moi. Le monde me fatigue, je suis épuisée mais je tiens.

Il me regarde droit dans les yeux. Et j'ai l'impression qu'il me comprend. C'est la première fois que je partage quelque chose comme ça. Je garde cette façade de femme forte et heureuse constamment. Mais j'ai l'impression qu'avec lui, ce n'est pas nécessaire.

- Un jour ça passe Elly.

- Tu penses ?

- Ouais pour moi c'est passé.

- Comment ?

- L'avenir m'attire miss. C'est la matérialisation de mes rêves. Tant qu'il y a un demain, y a une possibilité.

- La commande 56 c'est bien ici ?

Ken remercie la serveuse et me tend mon menu.

- Merci Ken.

- Pour la bouffe ? C'est rien ça.

- En partie ouais.

On a parlé toute la nuit. En plein milieu d'un McDo, on ne se lâchait pas du regard. J'avais l'impression de l'avoir toujours connu. Les sujets étaient variés et parfois d'une banalité mais c'était nous.

- Je te raccompagne, il commence à se faire tard.

- Tu t'en rends compte maintenant Ken ?

Je rigole en débarrassant nos plateaux et en triant tout dans les poubelles.

- Tu vas rentrer comment ? Y a plus de bus.

- Je vais demander à un pote de venir me chercher, t'inquiètes. Tu me donnes juste ton adresse et c'est bon.

On marche jusqu'à mon studio. Une belle voiture se trouvait devant mon immeuble défraichi.

- Wow c'est la voiture de qui ça ? Elle est pas là d'habitude.

- Le carrosse de la princesse est là.

- Attends c'est toi la princesse ?

- Yup miss c'est le moment des aurevoirs là. Passe-moi ton phone.

- Euh pourquoi ?

- Passe seulement. Tu commences à avoir peur de moi maintenant après tout ce trajet ?

- T'as raison.

Je rigole et lui passe mon téléphone. Il me rapproche de lui et essaye de prendre un selfie.

- Sors ton plus beau sourire miss.

Il prend la photo alors que je le regarde lui au lieu de l'objectif et se l'envoie par iMessage.

- On reste en contact ok ?

- D'accord Ken.

- N'oublie pas ça va bientôt passer.

Il me sourit et rentre dans la voiture qui démarre au quart de tour.

Fin du Flashback

C'est étrange.

Plus j'avance vers chez moi, plus je me dis que j'aurais dû monter dans ce bus. Mais c'est fini, il est temps d'avancer. L'avenir m'attire. Avec Ken, on a parlé un bon moment. Puis on a commencé à s'envoyer des pavés de textos. Je regrette amèrement cela mais tous ces secrets et mystères me fatiguaient. Depuis silence radio, notre fierté peut-être. Je ne sais pas.

Et puis, je le vois. Ou plutôt je vois une affiche de lui. Elle est tellement grande. Les phares des voitures qui éclairent son visage. NEKFEU

MESSAGE DE KEN :

J't'ai pas croisée dans le bus ce soir.