Death Trip II

II

Dès neuf heures du matin, les discussions et rires de gaieté se faisaient déjà entendre autour de la piscine extérieure. Enfants et adultes s'éclaboussaient sous l’œil vigilant de Noah, maître-nageur sur sa chaise haute.
Ses yeux de lynx scrutaient le périmètre avec attention. Son travail, il l’effectuait toujours avec sérieux tout en gardant le sourire.
Dana et ses amies ont opté pour une petite matinée tranquille. Vêtues d’un bikini sexy, elles se baignaient dans les jacuzzis intégrés et savouraient leurs délicieux cocktails fruités. Le visage bienveillant leur tapait dans l’œil.

« Les filles, c’est moi ou le maître-nageur me fixe avec un regard désireux ? soupçonna Jessi en roulant sensuellement son épaule nue.
- Pas mal. J’ai déjà vu mieux, sous-estima la belle Dana.
- Je l’admets volontiers, si je n’étais pas bonne nageuse, j’aurais surement simulé une noyade, ajouta Han amusée. »

Les trois copines riaient bruyamment, coquines et joueuses. De temps à autre, elles lançaient des clins d’œil aguicheurs sans retour. Il en fallait plus pour distraire le beau brun.

Aux alentours de midi, Changbin se sentait d'humeur taquine. Embêter son cher compagnon de route était un bon moment de tuer l’ennui. Aussitôt, il retrouvait Félix qui composait sa musique à l’avant du navire, inspiré par les flots de la grande bleue.

« Hey ! Félix ! appela-t-il en criant sans vergogne.
- Changbin… soupira l’artiste désespéré.
- Quoi de beau ?
- Tout jusqu’à ton arrivé.
- Cesse d’être aussi rabat-joie et viens avec moi, je t’invite au restaurant !
- Non merci, je ne ressens pas encore la sensation de faim.
- Mon petit Félix, ce n’était pas une proposition mais une obligation. Bouge ton arrière train ! »

L’enthousiaste de Changbin était irrépressible. La main forcée, Félix dut suivre son ami. Ni une, ni deux, ils arrivaient devant la façade d’un prestigieux restaurant. Les serveurs bien habillés savaient accueillir ces palais en quête de mets raffinés. Ils les conviaient à cette table nappée, chiquement accompagnée d’une vaisselle d’argent. Le menu voulait satisfaire les plus fins gourmets. Changbin, grand estomac sur patte, eut les yeux plus gros que le ventre et commanda un tartare de lotte aux câpres, un carpaccio de flétan aux truffes et un homard farci. Estomaqué, Félix ne put s’empêcher de commenter cette voracité :

« Changbin, es-tu sûr de pouvoir tout finir ?
- Mais oui ! Ce n’est pas une question que l’on me pose. Et toi, qu’est-ce que tu prends ?
- Un saumon nantua et ses écrevisses flambées. S’il vous plaît.
- Bien, Monsieur. Je vous apporte cela tout de suite, Messieurs, fit poliment le serveur. Souhaitez-vous un vin pour accompagner le tout ?
- Que nous conseillez-vous ? demanda Félix.
- Eh bien, un vin blanc français conviendrait au mieux. Le pouilly-fumé ou encore le chablis s’accordent avec merveille au homard et aux écrevisses.
- Comme je ne m’y connais pas spécialement en vin, je vais suivre vos conseils prendre un chablis.
- Entendu, Monsieur. Je vous apporte cela tout de suite, Monsieur. »

Le tablier blanc disposa avec sur son carnet l’entière commande des deux messieurs. Une dizaine de minutes plus tard, il venait les servir. Le dressage de chaque plat faisait saliver Changbin qui, tout comme son collègue, n’était pas habitué par tant luxe. Sans plus attendre, il attrapait ses couverts et s’attaquait aux délicieux fruits de la mer. Félix mangeait à son rythme, cherchant encore l’inspiration pour ses chansons.

« Félix, vas-tu réaliser la chance que nous avons d’être ici ? On ne voit pas ce genre de bateau tous les jours !
- Ecoute, Changbin, tout ce que je veux c’est un moment de tranquillité.
- Allez quoi ! Tu n’es pas drôle ! On est en vacances ! Accorde-moi quelques heures pour que l’on passe du temps ensemble. »

 
De leur côté, Dana et ses deux meilleures amies sortaient de l’eau. Elles recouvraient leur corps de rêve sous un paréo ou un peignoir avant de traîner des pieds jusqu’au lieu de restauration le plus proche. Leur démarche gracieuse et leur élégance faisaient tourner les têtes, notamment celles qui déjeunaient. Une aimable serveuse vint inviter ces dames à une table près de la baie vitrée.