Intermède

Grand IV: Jonquille

Il a réussi à se faire repérer en sortant de son école. Il a réussi à se faire une place dans le monde de la musique. Il a réussi à devenir qui il voulait être, qui il a toujours été au fond de lui.

Et il m'a remercié pour ça ; il m'a tant remerciée.

Moi aussi, j'ai réussi. Je suis devenue qui je voulais être, j'ai trouvé ma place et une situation stable. J'ai monté mon entreprise, qui je me dois de le dire est florissante et j'ai eu les épreuves auxquelles j'ai toujours rêvé d'être confrontée un jour.

Et je l'ai remercié. Je l'ai tant remercié, lui qui m'a toujours tant soutenue, qui a toujours cru en moi.

Vous l'aurez compris, cet ultime dîner fut celui des remerciements larmoyants.

Il fut un de ceux que l'on ne voit que dans les films et qui conclut les histoires.

Il fut notre dernier.

Car la vie en avait décidé autrement.

Car nous étions conscient que l'autre avait trouvé sa voie et qu'elle le rendait heureux.

Et si elle le rendait heureux, alors c'était parfait.

Mais nos voies n'étaient pas compatibles.

Ou peut-être n'avions nous simplement pas réussi à trouver leur compatibilité.

Alors, pour éviter de souffrir d'une absence ou d'une impossibilité à remplir les attentes de l'autre ; parce que nous ne pouvions plus nous donner corps et âmes dans notre histoire comme nous le faisions autrefois, nous avions décidé d'en rester là.

C'était dur.

Très dur.

Horriblement dur.

Mais c'était nécessaire d'un certain point de vue.

Mais même si nous en restions là, nous n'oublierions jamais que nous étions devenus ce que nous étions grâce à l'autre.

Et qu'une partie de notre bonheur actuel nous était donné grâce à l'autre.

Et qui pouvait savoir si nos chemins n'allaient pas de nouveau s'entremêler, se mélanger, fusionner pour donner la plus belle des mélodies qui aurait jamais existé.

Une union de deux êtres si belle que la Musique et la Vie elles-même en auraient été jalouses.

Qui pouvait bien savoir.