Fatima Kébé
Depuis que cette fille est évacuée à l'hôpital, on entend plus à la cité. Même sur son lit de mort, Kembel réussi à faire parler d'elle. On aurait dit que c'est la vie de la reine d'Angleterre qui est en danger. On la surveille comme du lait sur le feu à la clinique et pour couronner le tout, sa famille ne cesse d'insulter la mienne qui s'est pourtant excusée.
Le plus chiant dans tout ça est que je suis obligée de m'occuper du petit Ismael qu'Abdel m'a confié. Et Dieu sait que je n'aime pas les enfants.
Petite, je n'ai jamais joui d'affection maternelle, je ne sais même pas ce que cela signifie. Connue par son statut de grande commerçante, ma mère passait la claire de son temps entre les avions, elle ne s'est jamais doutée de mon éternel solitude. Mon père quant à lui, a vendu son âme à Dieu. À force de passer toutes ses journées à la mosquée, à diriger la prière pour les fidèles, il en a oublié sa petite famille... sa fille devrais-je dire puisque Famori et Abdel ont toujours été à son chevet. Ce qui justifie aujourd'hui cette rage que je ressens envers mon cousin Abdel Kébé, mon père lui a toujours consacré du temps et de l'attention alors que moi sa fille biologique je passais pour inaperçue.
Aussi loin que je me souviens, je n'ai jamais manqué de rien sur le côté matériel. Soit mes parents me donnent se dont j'ai besoin, soit je soutire de l'argent au coffret de mon père. Je ne vole que lorsque je suis vraiment dans le besoin et que je n'arrive pas à expliquer à mon père comment je vais financer mes sous. Il n'a pas besoin de connaître toutes mes activités.
Ma famille me prend pour une sainte alors que telle n'est pas le cas. Mais je ne veux en aucun cas que l'image qu'ils ont de moi soit terni. Par inadvertance, kembel m'a surprise en train de voler de l'argent à mon père. Et je vous le dis, cette fille est très petite pour fourrer son nez dans mes affaires.
Perdue dans mes pensées, je sortais de l'hôpital pour aller fumer une clope dehors. Mais un homme a connu la maladresse de me heurter jusqu'à ce que je manque de tomber de justesse sur les carreaux.
_ Mais vous êtes fou ? Vous ne pouvez pas regarder d'où vous posez les pieds pauvre con ?
_ Excusez-moi madame mais c'est vous qui m'avez heurté. Contrairement à vous, je ne marche pas en ayant la tête ailleurs.
Avec sa masse, une personne d'autre que moi aurait perdu l'équilibre. Il n'est pas pas permis d'être aussi costaud waay.
_ Et évitez de traiter les inconnus de connard, ça pourrait mal tourner pour vous une prochaine fois. Vous avez de la chance parce que je suis très pressée en ce moment.
Sur ce, il trace son chemin me laissant sa voix. Cet homme est vraiment un connard.
J'ai allumé un mégot de cigarette pour évacuer à l'air tout mon stress avec la fumée. Il y avait des yeux indiscrets qui me dévisageaient mais ce qu'ils pouvaient penser de la fumeuse endossée sur le dos de sa voiture m'importait peu. Que chacun vive sa vie, assume ses vices et s'occupe de son problème.
Ma famille ne sait pas que je consomme ce truque. J'ai pris un bonbon mentholé, histoire de masquer l'odeur avant de rejoindre les autres à l'intérieur.
_ Calmes-toi Ahmadou, ceci ne résoudra rien.
Je n'ai pas trouvé les choses comme je les avais laissées tout à l'heure. Les cris fusaient de partout.
Tout ce que je sais est que Abdel a répudié Kembel qui venait de se réveiller, le connard de tout à l'heure voulait à tous pris défigurer Abdel mais il était retenu par les gens. J'en conclus que c'est lui le frère de Kembel que tout le monde attendait.
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Guet-apens
RomanceTome II de la Chronique de Soumaya Une femme en talon est élégante. Mais une femme à genoux devant Dieu est plus puissante.