Dans cette partie, je vais essayer de démêler la pelote de laine qui encombre ma tête. Mon cheminement de pensée, mes déconstructions sociales et physique.
Peut-être que j'en ferai quelque chose de sympa.
[ce texte a été écrit dans le but d'être performé lors d'un spectacle nommé "Projet F" qui met en avant la parole de celleux qui n'ont pas l'habitude de la prendre. J'ai laissé quelques unes de mes consignes de jeux et de lecture]
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J'ai toujours su que j'avais un rapport assez complexe à la sexualité, que je ne rentrais pas dans les normes, que j'étais en décalé.
La première fois que j'ai eu une relation amoureuse, j'étais au lycée.
Il me parlait beaucoup de ce qu'il voulait faire avec moi, mais... mais ça me laissait indifférent.e. Ça ne me dégoûtait pas, mais ça ne me donnais pas non plus envie. J'avais envie de partager des choses avec lui, un câlin, un ciné, un gâteau à la fraise... mais du sexe ? ("bof hein")
J'ai du mal à expliquer, à trouver les mots pour en parler. Jusqu'à ce qu'on me l'explique, j'étais persuadé que tout le monde était comme moi :
Le sexe... ça ne me dégoûte pas, mais je ne ressens pas pour autant de désir sexuel. J'aime me masturber autant que prendre une douche fraîche en été, et si je devais choisir entre faire l'amour avec une femme que j'aime et partager un bol de guacamole avec elle, je choisirai le guacamole.
J'ai souvent entendu des gens dire que l'acte sexuel était un partage, mais je ne comprends pas en quoi. Je ne comprends pas parce que ce n'est pas mon langage à moi.
Par contre, un moment en silence sous des draps, à écouter la respiration de l'autre, ou partager une playlist, ça pour moi c'est du partage ! C'est se livrer, un peu, confier une partie de sois. Dans un silence, je me sens nue. (lent, pause) Il n'y a plus aucun filet, plus aucune blague à faire pour briser un malaise. Juste la chaleur de cette personne qu'on aime.
Je suis asexuel.le. Je n'ai aucun désir sexuel. Mais parfois, j'en ai envie ! C'est comme manger un gâteau à la fraise (lent avec un graaaand sourir)alors que j'ai pas faim et que je n'aime pas non plus particulièrement les fraises. Mais parfois, j'aime bien en manger.
Je ne suis pas cassé ou malade, ni même insensible au contraire, je peux ressentir un amour incroyable en une étreinte, ou même en un regard. (regard public profond)
Une personne qui partage ma vie, si elle était jalouse devrait plus s'inquiéter de me voir écouter de la musique avec quelqu'un... faire l'amour... faire l'amour pour moi ça ne veut rien dire. C'est une activité comme une autre, sans aucun désir.
Quitte à avoir un contact physique, je préfère les caresses. Lorsque sa main ébouriffe mes cheveux... glisse sur ma joue, son pouce dessine ma pommette et ses doigts vont s'échouer dans ma nuque... Comme des perles de pluie qui découvrent ma peau.. cette intimité... ce contact particulier qui me fait frissonner... C'est mon langage, ma façon de dire.. "je t'aime"
