Le soin

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Je ne me souviens pas exactement comment ça s'est passé, mais je sais qu'un matin, je me suis réveillé et j'ai compris que j'allais bien

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Je ne me souviens pas exactement comment ça s'est passé, mais je sais qu'un matin, je me suis réveillé et j'ai compris que j'allais bien.


Ça fesait tellement d'années que j'étais malade, et même avant ça, je n'avais aucun souvenir d'une quelconque stabilité émotionnelle.

Dans son besoin panique de me garder tout près, malléable et vulnérable, ma famille m'avait rendue dépendante d'elle, puis des autres de façon plus générale. Quand j'ai réussi à fuir, j'ai compensé avec des ami-es, et surtout avec des mecs, mais ça n'a pas fonctionné non plus. Les mecs hétéros ne sont pas vraiment qualifiés pour ce genre de chose.

Mais en fait, personne ne l'est.

Personne n'est censé comprendre parfaitement comment je fonctionne, quels sont mes besoins, et comment prendre soin de moi. La seule personne qui sait faire tout ça, c'est moi. C'est moi qui suis en première ligne quand mon corps montre des signes de fatigue, d'ennui ou d'agacement. C'est moi qui capte les signaux d'alerte, toujours.


J'ai réalisé que je savais le faire. Je me connais depuis presque 25 ans, personne n'est mieux placé que moi pour interpréter mon environnement et ses conséquences sur mon corps et ma santé mentale.


Alors je me suis posé, j'ai fait des listes, et je me suis fait confiance.


C'était plus facile, tellement évident en fait, que je m'en suis voulu de ne pas l'avoir compris plus tôt.

Pourtant, ma transition m'avait mis sur la piste. Personne d'autre que moi ne comprend mon genre, et aucun médecin ne peut dire précisément comment mon corps va réagir aux hormones. Alors je gère, je m'écoute et j'avise. Je change de dosage et de fringues en fonction de mon interprétation des signaux que j'ai appris à lire.


Il faut toujours se battre auprès des médecins.

Mais je ne flanche pas. C'est mon corps, je le connais mieux que toi,mieux que n'importe qui.

Il faut se battre contre les conseils non sollicités aussi.

Et il faut encore se battre avec la vieille voix qui m'accuse d'être égoïste, que je vais perdre mon entourage et que je ne suis rien sans les autres.


Mais je vais bien aujourd'hui. Je vais bien avec mes maux, avec mes traumas, avec mes questionnements, avec mes hormones en vrac, je vais quand même bien, et je n'ai besoin de personne pour ça.

Je n'ai besoin de personne pour jouir non plus, et ça, c'est formidable, parce que si je peux le faire seul, alors je peux aussi le faire avec d'autres sans culpabiliser. Mais pour être honnête, je le fais mieux tout seul.


J'accepte alors de revoir des mecs (mais des PD cette fois). Puisque je ne cherche plus compulsivement leur présence comme si ma survie en dépendait, je peux envisager des relations plus sainement. Basées sur des sentiments, et pas sur des besoins.


Et au final, c'est surtout ça, prendre soin de moi. Je me connais, je sais que dans l'idée, je n'ai besoin de personne, mais je sais aussi que j'ai des limites, et parfois j'ai besoin d'aide.

J'ai aussi accepté de ne pas cocher toutes les cases d'un quotidien parfait. Je mange beaucoup de légumes, mais je ne fais pas de sport. Je dors à mon rythme, mais pas à 9h du soir. Je bois beaucoup d'eau, mais parfois trop de thé.


Apprendre à prendre soin de moi seul, c'est ce qui m'a guidé dans la fin de mes années de dépression. C'est aussi comme ça que j'ai repris confiance en moi, dans un contexte où j'avais peur du système de santé.

C'est ma réponse à mes besoins, ma manière à moi, que je perfectionne au fil du temps.


Je m'apprivoise, m'écoute, me comprends. J'apprends à me comprendre.

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⏰ Last updated: Apr 24, 2023 ⏰

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Une petite luneWhere stories live. Discover now