Chapitre 2 : Buzz Caldron

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Celui qui s'appelle Dean n'a pas l'air dans son assiette. Il regarde tout le temps vers la trappe comme s'il espérait voir quelqu'un entrer. Je ne sais pas qui il attend, et entre nous, je m'en fiche pas mal.

Je m'appelle Buzz Caldron et j'ai près de 60 ans. Je les aurai d'ailleurs dans un mois tout rond. Si je survis à tout ceci. Au moins, je suis coincé avec une célébrité. Mince alors, Alvin Divine est ici, juste à côté de moi et de la fille dont j'ai oublié le prénom.

Encore ce matin, j'étais devant ma télé et je le voyais prévoir qu'il allait tomber de la pluie durant la journée. Si seulement. Je travaille de nuit et j'aime bien, en revenant, m'asseoir devant la télé et m'endormir devant. J'ai 60 ans, je fais ce que je veux maintenant.

Oh non, la fille se met à pleurer. Comme si Ca ne suffisait pas ! Je dormais quand Cela s'est produit. Mon premier réflexe a été de voir ce qu'il se passait dehors. Tous les gens courraient dans tous les sens, ne sachant pas où aller. Je me suis laissé emporter par la foule pour atterrir ici. Je ne sais même pas où c'est ici ! Nous sommes toujours à Baltimore, c'est tout ce dont je suis sûr.

Alvin sort un mouchoir de sa poche qu'il tend à la fille. Je l'entends l'appeler Célia. Ah oui, Celia ! Voilà comment elle s'appelle. Foutue mémoire qui me joue des tours. L'époque où j'avais 20 ans me semble loin désormais et franchement, cela n'a plus vraiment d'importance. Je crois que je commence à dérailler. J'ai l'impression que les murs de l'abri se rapprochent de moi.

Oui, ils se rapprochent. Les autres types sont plus près de moi que tout à l'heure. Et ils ne s'en rendent même pas compte. Il faut leur montrer ! Dean se lève à ce moment.

- Il faut que je remonte. Ma femme et ma fille sont dehors et je dois les retrouver. Quelqu'un veut m'accompagner ?

Célia étouffe un sanglot encore plus bruyant. Alvin me regarde, oui, il me regarde moi, comme s'il me demandait mon avis !

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit Alvin. Vous avez vu ce que Ca a fait. Il vaut mieux attendre ici encore un peu de temps.

- Monsieur Divine a raison, mec, dis-je avec autant d'assurance que possible. Dehors, ce ne sera pas mieux qu'ici, même si les murs...

- Je dois y aller, me coupe Dean.

Ce n'est pas très poli de couper les gens quand ils parlent. J'allais justement leur exposer ma théorie des murs qui bougent. Tant pis, cela attendra.

- Si vous sortez, vous nous mettez tous en danger ! chuchote Célia.

- Entre vous et moi, je ne pense pas que l'on soit plus à l'abri ici qu'au dehors. Ca va tout détruire et nous n'avons même pas de quoi manger.

Dean marque un point. L'abri est peut-être une bonne solution pour l'instant, mais quand nos estomacs commenceront à avoir faim, ce sera une autre histoire.

- N'y allez pas, je vous en prie, couine maintenant Célia.

Ne l'écoutant pas, Dean force sur la trappe. Elle a du mal à s'ouvrir. Moi, je ne veux pas qu'il sorte, donc je ne l'aide pas. Alvin non plus d'ailleurs.

Je suis bloqué avec une star. Mes enfants ne me croiront jamais. Tiens d'ailleurs, comment vont-ils ? Je ne sais pas si Ca a eu le temps d'atteindre New York, mais j'espère qu'ils vont bien. C'est sûr que si mes enfants étaient dehors, je voudrais aller les retrouver. Peut-être que c'est Dean qui a raison après tout.

Je me lève et aide Dean à pousser sur la trappe. Celle-ci s'ouvre, me laissant le temps de voir le ciel de couleur ocre. Dean sort en vitesse et court au-dehors. Je ne vois que le ciel, rien d'autre mais c'est une vision sublime.

Alvin me bouscule et referme la trappe. Ce n'est pas très poli de bousculer les gens sans s'excuser. Sa coiffure est toute défaite. Il ne ressemble plus vraiment au type séduisant et blagueur qui présente la météo. Je crois bien qu'il a les pétoches.

Il y a de quoi avec les murs qui continuent de se rapprocher.

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