Haven't You Taken Enough From Me ?

Goner

Le lendemin, Tyler se réveilla avec difficultés. Echapper au sommeil et commencer une nouvelle journée était pour lui un énorme échec. Il haïssait devoir accepter le fait qu'il était vivant. Tous les soirs, il priait si fort pour rejoindre les cieux et ne plus jamais réouvrir les yeux mais la vie décidait de le torturer encore et encore.

Il se sentait affreusement vide, son esprit était absent, et ce manque l'envahissait une nouvelle fois. Il semblait sans vie. Comme si son âme s'était envolée mais que la mort avait oublié de prendre possession de son corps. Il demerait à moitié brisé, vivant mais au fond mort, il errait avec peine sur cette terre insignifiante, épargné injustement. Il était seul et il avait l'impression d'être rejeté de tous.

Il aurait voulu une vie plus attrayante. Il appréciait toutes sortes de créations profondes et significatives qui lui paraissait beaucoup plus puissantes. Il aimait ce genre d'art où l'on retrouvait parfaitement cette atmosphère délicate, triste et mélancolique qui lui procurait une sensation indescriptible. Il aurait réellement aimer vivre ainsi et créer ces œuvres mais il n'y arrivait pas : aucune de ses productions n'était correctes pour lui. Il ne se sentait pas capable de telles choses et doutait sérieusement d'un quelquonque talent. Cet univers l'attirait mais il ne s'estimait pas à la hauteur pour en faire parti.

Alors il renonçait une nouvelle fois ; ainsi ses pensées l'isolaient et l'affaiblissaient encore un peu plus chaque jours. Elles le tuaient à petit feux pour ensuite mieux l'anéantir et il le savait. Son propre esprit était devenu son pire ennemi mais sans lui, il n'était rien. Sa vie entière était tristesse, culpabilité et destruction mais ces éléments le constituaient et leur absence lui était insoutenable.

Il assistait à l'épanouissement de son entourage pendant qu'il s'enfonçait tout droit en enfer. Il voyait ses amis réussir, s'ouvrir au monde et devenir indépendants alors que de son côté rien ne l'épargnait. Cet épouvantable spectacle lui donnait l'impression d'être totalement à part et isolé. Les personnes qu'il avait aimés du plus profond de son coeur et avec qui il avait contruit des relations lui permettant de préserver un bref contact avec la réalité l'abandonnaient peu à peu. Ces amis avec qui il avait partager des moments inoubliables, une période d'espoir, de rire, et de bonheur absolue, s'éloignaient à une vitesse folle.

Il ne trouvait pas sa place ici, mais le plus dûr restait qu'il n'avait jamais réussi à accepté le passé. Les épisodes tragiques de sa vie le hantaient et il ne pouvait endurer le fait que la plus belle période de son existence était maintenant terminée. Les bons souvenirs déclenchaient chez lui une énorme souffrance. Il regrettait en particulier ne pas avoir eu la capacité de maintenir certaines de ses relations tellement importantes à ses yeux. Ces moments le rendait terriblement nostalgique. Il n'arrivait même pas à décrire ce sentiment et expliquer à quel point il était insupportable pour lui, de revoir ces images tourner en boucles dans sa tête.

Tout ce qu'il avait aboutit pour avoir un minimum de stabilité et vivre au sens propre s'effondrait.

Quand est-ce que cela s'arrêterait-il ?