Assise sur la plage déserte, j'observais les flots agités d'un œil absent. Le vent marin me hurlait aux oreilles et faisait voler mes cheveux humides qui venaient gifler mon visage gelé. Je sentais le sable fin me glisser entre les doigts et l'écume trouble venir lécher mes pieds nus. Je sentais le goût du sel sur mes lèvres, son picotement sur ma peau lisse. Des centaines de gouttelettes roulaient sur mon visage, s'agrippant parfois à mes cils ou s'agglutinant au bout de mon nez.
Après un instant que je laissa s'étirer, je me laissais tomber en arrière pour contempler le ciel grisonnant à travers ce rideau de pluie froide. Je fermais les yeux et écoutais le silence. Le silence de la course des galets sur la plage. Le silence des vagues s'évanouissant sur mes chevilles. Le silence de mon sang pulsant dans mes tempes au rythme de ce chahut silencieux.
L'air commença à se rafraîchir, la nuit à s'installer. J'ouvris les yeux alors que le ciel rougeoyait une ultime seconde avant que le soleil d'hiver ne disparaisse derrière l'horizon et que les ténèbres n'engloutissent les environs. Je me mis debout prestement et, tournant le dos à cette mer huileuse que je savais indomptable, partis sans un regard en arrière. Seul le bruit sourd de mes pas s'enfonçant dans le sable mouillé résonnait dans la nuit.
Une lueur orpheline perçait le ciel d'encre, m'indiquant le chemin. Je sortis mes écouteurs pour les enfoncer dans mes oreilles, augmentais le volume au maximum et rentrais chez moi, bercée par la musique envoûtante.Une fois arrivée, dégoulinante, sur le seuil de la porte de ma maison, je grimpais les marches quatre à quatre en direction de la salle de bain et me fis couler un bon bain chaud.
Après une heure et demi de détente, une vingtaine de doigts fripés et quatre membres réchauffés je sortis enfin de la baignoire. La serviette autour de la poitrine, je me tenais debout face au miroir embué où se reflétait ma silhouette vaporeuse. L'ombre d'un sourire se dessina sur les lèvres rosies de mon reflet tandis que la brume se dissipait peu à peu. Malgré ses cernes noires et ses joues creuses, la jeune fille du miroir avait l'air plutôt heureuse. Je lui tirais la langue et lui tournais le dos en riant.
Toujours nue, seulement couverte de ma serviette de bain, je me dirigeais vers la fenêtre de ma chambre, m'assis sur le rebord et contemplais le clair de lune qui fendait les cieux pour aller refléter sa pâle lumière sur flots sombres que je distinguais au loin.
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Clair De Lune
NouvellesElle était perdue dans ses pensées Il l'observait danser Un avion de papier Un baiser volé Qu'aurait-il pu mal se passer ? Une histoire inachevée, écrite au fil de la plume 🖋