Rapport de force

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Ils nagent, ils nagent, les jolis poissons. Ils trottent, ils trottent, les beaux chevaux. Ils courent, ils courent, les exécrables humains. Pourtant au sommet de la chaîne alimentaire, ces créatures sont sans cervelle et me font frissonner de dégoût. Je ne suis pas comme eux. Je suis plus intelligent, plus fort, plus beau, je le sais, je le sens. Peut-être que je fais part d'une autre espèce ou d'une évolution de ces êtres ignobles, mais une chose est sûre: jamais je ne m'associerai à eux. L'humanité est dégoûtante et mériterais d'être éradiquée. De plus, certains travaillent à trouver des solutions pour repousser leur décès, ou encore soigner les malades et sauver les moins fortunés par la vie. Ces gestes m'horripilent. Laissez ces gens crever, ils le méritent. Mon mantra est la loi de la jungle : les plus puissants triompheront, les plus faibles mourront.

Dans les journaux ces imbéciles ont commencé à me décrire comme un fou et à la télévision on me dépeint la personnalité d'un dérangé mental. Ils n'ont rien compris, comme d'habitude. J'ai pourtant commencé par les plus inutiles, les déchets de la société, ceux qui ne manqueront à personne ou, en d'autres mots, les sans-abris et les orphelins. Ce sont les plus faibles, ils sont sans défense, certains sans volonté, ils doivent disparaître. Chacun de mes pas émettent un crissement agaçant sur l'asphalte. J'aurais dû choisir de meilleurs souliers. Tant pis, je dois finir ce que j'ai commencé. Je regarde l'homme allongé sur le sol gelé de cette ruelle, essayant péniblement de se protéger du froid avec des pages de journaux. Il est pathétique. Je le soulève sans peine avec mes mains gantées et le regarde dans les yeux. J'aperçois de la confusion et de la peur dans ses yeux, deux émotions dont j'ai entendu parler, mais dont j'ignore la sensation. Je ne lui laisse même pas le temps de me supplier comme tout les autres et lui fracasse le crâne sur le mur de brique derrière lui. Il est faible, tellement, tellement faible. Il doit mourir. Je veux que son corps soit sans vie et qu'il soit réduit à néant. Il n'est rien. Je frappe sa tête plus fort, je ne veux plus qu'il soit en mesure de penser. Je veux que son cerveau coule par le trou que je vais créer dans sa petite tête inutile. Il n'a même pas la force de résister. Je murmure proche de son oreille à moitié arrachée : « Crève, crève, crève... Petite merde faible, faible, faible. » Mes coups sont secs, incontrôlés. À chacun d'eux, un craquement faible se fait entendre. J'éprouve une sensation de satisfaction presque aphrodisiaque quand je me rends compte que ce qui reste de l'homme est tellement mou qu'il pourrait rappeler une poupée désarticulée. S'échappe de mes lèvres un léger rire alors que je lâche le cadavre de cette souillure et qu'il retombe dans ses pauvres pages de journaux imbibées de sang. Le plus puissant a triomphé et il triomphera toujours.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 19, 2019 ⏰

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