Malade d'amour

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Mes mains sont ligotées, mes cheveux sales et mes yeux éteints de toute étincelle. Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis prise dans cette maison. Peut être des semaines ou des mois, j'ai perdu toute notion du temps. Je me retourne dans ce petit lit pour atteindre du regard la seule porte de sortie à cette pièce mal éclairée. Elle est mal enclenchée, je le sais. C'est peut être une sorte de test de sa part ou simplement une grossière erreur d'inattention. Je me lève et, d'un pas chancelant, je m'approche de mon échappatoire. Mes poignets font mal, je sais pertinemment que je vais devoir user mes pieds pour tourner la poignée rouillée. Tout semble me demander un effort immense, mais l'adrénaline coulant dans mes veines compense pour le sommeil manquant à mon organisme. La porte cède et la lumière illumine mon visage terne. Agir vite, c'est tout ce qui me vient à l'esprit. Je me met à monter les marches avec une lueur d'espoir de revoir le ciel et les arbres aujourd'hui. La sortie est devant moi, il ne me reste qu'à traverser la cuisine et je serai libre. Un bruit de pas m'arrive de la gauche, mais je deviens sourde, tout ce qui m'importe est le bruit du vent qui m'attend de l'autre côté. Une main attrape mon poignet et, comme dans un film au ralenti, la paume d'Alexandre frappe ma joue, accompagné au passage du son net et précis de la claque puissante qu'il vient de m'assener. C'est la première fois qu'il me frappe. Les larmes dévalent mes joues alors que dans un mouvement soudainement doux et plein de regret, il me prend dans ses bras. Je connais son nom c'est tout, je ne sais même pas quelle est la raison de mon enfermement ici, mais je sais qu'il ne veut pas mon mal. Relevant ma tête d'un doigt, ses yeux se plantent dans les miens alors qu'il implore mon pardon. Il détache mes mains et masse mes poignets en attendant ma réponse. J'accepte, déçue comme lui de mes propres actes. Qu'est ce qui m'a pris d'essayer de le quitter? Je suis tout pour lui, il me l'a dit des centaines de fois. Différents sentiments s'entremêlent dans ma tête, la rage, l'ennui et la tristesse se font envelopper par quelque chose de doux, quelque chose qui bizarrement pourrait ressembler à un dérivé étrange de l'amour. Je deviens folle, mon subconscient me crie que c'est mal. Je ne dois pas apprécier mon geôlier et pourtant je le laisse gouter à mes lèvres et en redemande. Il me transporte vers sa chambre et je n'offre aucune résistance, trois mots incongrus prenant contrôle de toute mes pensées. Alors qu'il caresse mes cheveux, j'oublie que ma place est dans la pièce sombre et froide du sous-sol et lui glisse à l'oreille : « Je t'aime. »

Confused one shots.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant