Son visage métisse exprime une expression d'horreur, celle d'un homme qui ne sait pas si il reverra la terre ferme. Un homme d'une quinzaine d'années qui a peur, peur de se faire engloutir par les vagues. Ses cheveux volent au vent violent de la tornade. Ses yeux dévoilent un espoir brisé, il rêvait d'une vie paisible mais pour y arriver il devait faire face à la colère des mers. Cet homme qui a eu la prétention de croire qu'il pourrait gravir la frontière infranchissable qu'est la mer mourra dans cette dernière. Sa bouche fine et entrouverte ne peut plus émettre aucun son, son souffle est coupé. Son nez fin et ses joues chétives ne font que démontrer sa faiblesse. Il est si faible qu'au moment où une jeune femme s'attache à lui pour éviter de tomber, elle l'entraîne dans la danse. Les vagues le ramènent et le choquent contre la coque de la barque, elles le malmènent, le brisent, l'étouffent et l'éloignent jusqu'à perdre de vue le bateau. Il est seul contre la bête. Seul contre l'indomptable. A bout de force après les assauts répétés des vagues, il arrête de se débattre et là, plus rien. Ses yeux se ferment. Il perd conscience quelques instants, il se retrouve sous l'eau. Il a peur de ce qu'il va voir mais il décide d'ouvrir une dernière fois ses yeux rouge sang. Ses cheveux flottent dans l'eau calme et apaisante. Ce silence absolu est presque dérangeant après le raffut de la tempête. Il brise le silence d'un cri de désespoir à jamais étouffé dans l'immensité de l'océan. Il se débat, essaye de remonter mais il manque de force. Finalement il s'abandonne en offrande aux Dieux. Ses poumons se remplissent d'eau, ses yeux se referment et la mer retrouve son silence original. Plus il coule plus la lumière est lointaine. Il se souvient d'une époque qui lui paraît si lointaine, il se rappelle des fois où il a énuméré ses rêves de vie meilleure à ses parents, toute ces fois où il jouait avec son frère, ou encore la fois où sur le point de partir, il a juré à sa famille qu'il reviendrait. Ce jeune homme si sûr de lui est sur le point de mourir là où des centaines de gens sont morts, dans le ventre de la bête, dans l'abysse.
