2 | Y'all are moons...|

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"Y'all are moons and have a dark side which you never show."


PDV Zehlia 

"- On la bute ?

- J'sais pas...

- On peut la ramener peut-être...

- T'es malade ?

- Bon, décidez-vous, on a pas que ça à faire !"

Les membres engourdis et l'esprit en transe, les seules choses que je percevais était ces dialogues effrayants. J'étais pétrifiée de peur, redoutant les conséquences que pourrait avoir un simple mouvement. S'il fallait que je meure, ce ne serait pas dans ces conditions : c'est pourquoi je m'efforçais de rester éveillée, sans pour autant ouvrir les yeux.

Je sentis des bras puissants me porter, puis me jeter sans ménagement dans ce que j'identifierais comme un coffre de voiture. Mon hypothèse fut confirmée lorsque j'entendis un moteur démarrer.

Je pris alors conscience qu'on était en train de me kidnapper. Je me mis alors à paniquer, je remuai dans tous les sens et tentai de taper contre les parois de la voiture. Hélas, je n'y arrivai même pas, mes membres étaient sûrement paralysés par le choc.

Je criai de toutes mes forces mais la seule réponse que j'obtins fut un puissant « Ta gueule ! » qui me réduit au silence.

Je me mis alors à pleurer silencieusement : je ne verrais plus jamais Léana, ni Félix... Plus jamais je ne verrais le chaleureux sourire de Mlle BAT.

Mais une question en particulier me taraudait l'esprit : aurais-je un jour, l'occasion de danser à nouveau sur le parquet usé de mon cher studio ?

C'est désespérée que je m'endormis, espérant qu'il ne s'agisse que d'un cauchemar...

Quelques heures plus tard, je me réveillai, percevant de l'agitation autour de moi. Tandis que mes yeux s'habituaient à l'obscurité du coffre, j'entendis les mêmes voix que celles de l'épicerie :

« - Par contre, va falloir trouver un plan pour demain soir. On peut pas débarquer comme ça, on va tous s'faire buter sinon.

- Il a raison.

- Vu c'qui s'est passé la dernière fois, vaut mieux pas qu'on arrive là-bas comme des touristes.

- J'm'en occupe.

- Si c'est toi qui te charge de trouver ce foutu plan, on est dans la merde. »

Deux personnes rirent avant de reprendre :

« - Mis à part ce plan, on a un aut' problème : on fait quoi d'la fille du coffre ?

- On va pas la tuer quand même ? Sérieux les gars ? »

Cette dernière phrase avait été prononcée par une voix féminine. Probablement la seule fille de ce groupe. « C'est sûrement elle mon ange-gardien » pensai-je.

« - Qu'est-ce qui nous en empêche au fond ? Elle va nous encombrer.

- J'suis d'accord.

- On peut aussi la balancer dans un ravin au bord de la route : j'crois pas qu'elle survivrait.

- Pour qu'elle s'barre et qu'elle aille nous balancer au premier poste de police qu'elle croisera ? T'es con ou quoi ?!

- On l'a fout dans la cave, et on verra bien après. On va pas s'casser la tête à cause d'elle. Le plus important, c'est la mise en place du plan pour demain soir. »

Personne ne contesta cet ordre. « Ça doit être lui le boss...» me dis-je.

La voiture s'arrêta brusquement dans un crissement de pneus. Je me tus et fermai mes yeux, espérant recevoir plus d'égards qu'il y a quelques heures. Des portières s'ouvraient, se refermaient, des pieds marchaient sur les graviers, des voix se rapprochaient de l'endroit où j'avais été balancée. Puis, soudainement, la porte du coffre s'ouvrit et les mêmes bras me portèrent.

J'essayais tant bien que mal de ne pas ouvrir les yeux : ma curiosité me chuchotait de le faire. Mes paupières devait sûrement trembler car au bout de cinq minutes mon « porteur »s'arrêta, puis me laissa tomber par terre. Ma tête heurta les graviers, et ma bouche prit rapidement une teinte rouge sang, tandis que je sentais mon cœur battre dans mes temps. Je gardai les yeux fermés.

Puis, il se retourna et cria aux autres :

« - ELLE EST RÉVEILLÉE ! »

Merde. Merde. Merde.

J'entendis les autres se rapprocher de nous. La personne qui me portait me dit alors :

« - Arrête ton cinéma, tu peux ouvrir les yeux. »

Hors de question.

Bien au contraire, je fermai avec encore plus de force mes yeux. Peut-être qu'ils se diront que je me suis rendormie.

« - On t'a cramée, tu sais.

- Ça sert à rien d'faire genre.

- On sait qu'tu dors pas. »

Ah zut. Mon plan n'a pas fonctionné.

« - Elle est conne ou quoi ?

- Fermez-la ! Vous voyez pas que vous lui faites peur ?

- Bah tant mieux.

- C'est pas not' problème.

- Barrez-vous ! J'm'occupe d'elle. »

Encore cette voix. Mon ange-gardien.

« Ok ok, mais alors c'est toi qui la ramène à la maison. On s'retrouve là-bas.

- Oui oui, allez du balai ! »

J'attendis quelques instants, afin d'être sûre que les autres membres de ce « gang » soient partis, puis j'entrouvris les yeux.

Je vis alors une jeune femme brune, avec un teint blanc, presque translucide. Ses yeux étaient noisettes, et ses cheveux lisses attiraient la lumière. Elle était d'une beauté époustouflante dont elle pourrait facilement se vanter : pourtant, ses yeux débordaient de gentillesse et de modestie. Un vrai ange-gardien.

« - Ça va ? Ils ne t'ont pas fait mal ?

- Hum... Non non... Ça va. »

En réalité, je crois bien que j'aurais de nombreux bleus sur le dos dans les jours à venir...

« - Ok, j'te crois pas. Tu peux marcher ? On a des pansements et des crèmes apaisantes à la maison.

- D'accord. »

Je me relevai alors, laissant du sang, provenant de ma bouche, sur les graviers.

Elle émit alors un son horrifié :

« - Oh mon Dieu ! Tu saignes de partout !

- J'ai juste la lèvre écorchée, tu sais.

- Et alors ? C'est peut-être déjà infecté.

- C'est un peu bizarre que tu t'inquiètes de la santé de quelqu'un que tu aurais pu laisser mourir dans un fossé au bord de la route, tu trouves pas ? »

A peine avais-je prononcé ces mots que je me sentis déjà mal. Je savais pertinemment qu'elle avait tenté de me défendre : mais il faut dire que j'étais assez chamboulée par cet enchaînement d'événements...

Elle me répondit doucement :

« - Ils ne l'auraient pas fait. »

Je ne lui répondis pas et me contentai de la suivre sur ce sentier qui me mènera à cette fameuse maison.

Mais dans quoi ai-je été embarquée ?

StockolmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant